Livre d’heures et peintures anciennes avançaient côte à côte jouant de leurs provenances et de leurs qualités.
Deux jours de vente et un produit total de 2 579 627 € obtenu pour une belle part grâce à un livre d’heures à l’usage de Rome, enlevé à 976 000 € (reproduit ci-dessus et page 62). Le résultat est à l’image de la qualité de cet ouvrage qui réapparaît sur le marché cinquante ans après un premier passage, nimbé d’une nouvelle attribution à Georges Trubert. L’enlumineur est actif en Anjou, puis en Provence, à Avignon à la fin du XVe siècle et à la cour de René II de Lorraine (il meurt en 1508). La Gazette n° 42 (voir l'article René II de Lorraine et Georges Trubert : un livre d’heures très enluminé, page 36) revenait sur l’histoire de cette attribution, notamment l’étude systématique des manuscrits détenus dans les collections publiques, permettant de confirmer qu’on lui doit plusieurs livres illustrés, douze exactement. Le nôtre est orné de dix-huit magnifiques enluminures dont une Nativité, thème qui ne peut mieux être adapté à la saison. Tout était donc réuni pour que ce témoignage d’une époque humaniste reçoive un hommage appuyé, sonnant et trébuchant. Un ensemble de huit flambeaux en argent reposant sur une base circulaire à contours (h. 27 cm) du maître orfèvre parisien Charles Spire, reçu en 1736, lui faisait une élégante haie d’honneur éclairée de 63 500 €. Le lendemain, la tonalité jouait une gamme classique, emmenée par les 381 000 € d’une toile de Claude Joseph Vernet dont la belle luminosité se diffusait en pleine page de notre numéro 42 (page 87). L’artiste a exécuté cette Vue des Isles de l’Archipel en 1758. L’œuvre lui a probablement été commandée directement par la fameuse madame Geoffrin (1699-1777), cette femme de tête, mécène et collectionneuse chez laquelle se réunissait la fine fleur des intellectuels éclairés français et européens. Son salon se démarquait cependant des autres parce qu’elle y convoquait aussi des artistes comme Boucher, Greuze, Van Loo et Vernet. Du beau monde, auquel appartenait également le portraitiste Jean-Marc Nattier (1685-1766), qui l’immortalisa d’ailleurs en 1738 (Fuji Art Museum, Tokyo). Accroché dans cette salle, le Portrait d’une jeune fille dite autrefois madame Lenormant d’Étiolles (56 x 46 cm) partait, honoré de 146 050 €.