Lucien Jonas entretient un lien privilégié avec Doullens. Peintre officiel de l’Armée, il y a réalisé dans la salle du Commandement unique, située au premier étage de l’hôtel de ville, deux peintures commémorant la réunion qui se tint dans la cité de la Somme, le 26 mars 1918, durant laquelle le général Foch fut désigné comme chef des armées alliées. Par ailleurs, une première vente de quelque 150 peintures provenant de l’atelier de l’artiste avait déjà eu lieu le 19 novembre 2017. À cette occasion, une huile sur carton de 1921, titrée Villers-sur-Mer, avait été adjugée 48 750 €. Cette semaine, la maison Herbette proposera 80 œuvres de belle qualité, dont les prix varieront d’une centaine d’euros, pour un dessin, à 20 000/30 000 € pour cette importante toile de 1919, représentant Suzanne Jonas et sa belle-mère sur la terrasse à Villers, un tableau reproduit en page 85 du catalogue raisonné. Ces scènes intimistes, où figurent les membres de sa famille en vacances, comptent parmi les thèmes favoris de l’artiste. Un autre exemple en sera proposé avec Dinard, discussion sur la plage entre Paul et Suzanne, annoncé à 15 000/20 000 €. Lucien Jonas naît à Anzin, dans la banlieue de Valenciennes, le 8 avril 1880, au sein d’une famille d’industriels. Après être passé par les beaux-arts et avoir obtenu le second prix de Rome, il devient un peintre reconnu, au style postimpressionniste, sachant s’adapter aux paysages de plein air lumineux et aux couleurs claires aussi bien qu’aux grandes compositions que lui commandent l’Armée ou des organismes publics de Paris ou de Valenciennes. Comme de nombreux autres artistes, parmi lesquels Paul Huet et Constant Troyon, Jonas fréquente la station balnéaire de Villers-sur-Mer, dans le Calvados, créée en 1856 – trois ans avant Deauville – par l’architecte parisien Félix Pigeory. Il s’attache à traduire la douceur de vivre qui y règne, et dont il profite en compagnie de son épouse Suzanne, de son frère Paul, de sa belle-mère ou de ses enfants Solange et Jacques. Un petit bout de paradis.
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