Une composition silencieuse de Colin de La Biochaye, à la fois aristocrate et peintre, a rivalisé avec un paysage inspiré d’Yves Brayer dans ce palmarès troyen.
Peu d’éléments mâles de la noblesse du XVIIIe siècle français purent vivre leur passion pour la création artistique… Christian-Marie Colin de La Biochaye fait partie de ce petit groupe de privilégiés, grâce à la vente de sa charge de président des requêtes au parlement de Bretagne en 1785, ce qui l’autorisa à se consacrer à la peinture. Pendant la Révolution, il saura louvoyer en réalisant l’inventaire de toutes les collections confisquées aux communautés religieuses et aux émigrés. Quant à son art, il se répartit entre scènes de genre et natures mortes, fort enlevées. En témoigne notre Nature morte aux coquillages, aiguière, boîte à copeaux et objets antiques, une toile (56 x 77 cm) qui a obtenu 34 100 €. Deux étiquettes anciennes, au revers sur le châssis, portent une attribution au Flamand Jacob Van Es, alors que la composition trahit un esprit encyclopédique très fin XVIIIe siècle, et auquel l’influence d’Anne Vallayer-Coster – elle aussi grande adepte de coquillages – n’est pas étrangère. Rendez-vous en Provence ensuite, grâce à l’un de ses meilleurs chantres modernes : Yves Brayer, qui signait un Paysage des Baux en automne. Datée «1969», la toile (81 x 100 cm) flamboie sous un ciel orageux, et a mérité ses 10 912 €. L’œuvre bénéficiait d’une référence dans le catalogue raisonné de l’artiste (Bibliothèque des arts, tome 2, n° 2845), confirmée par son fils Olivier Brayer.