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Julliot et le «Boulle revival»

Publié le , par Alexandre Pradère

Troisième et dernier épisode de notre série sur les marchands merciers avec les Julliot, qui bâtirent leur succès sur le retour en grâce du goût pour l’ébéniste de Louis XIV, en ouvrant la voie au «style Boulle».

Cabinet par Boulle, vers 1700, sur un piétement rapporté dans les années 1750-1760, ... Julliot et le «Boulle revival»
Cabinet par Boulle, vers 1700, sur un piétement rapporté dans les années 1750-1760,  lot 1645 de la vente Julienne en 1767, l’un des premiers exemples de « Boulle revival » ; musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.
En 1774, dans L’Homme du monde éclairé par les arts , Jacques-François Blondel rapporte que les meubles Boulle «sont fort recherchés aujourd’hui, après avoir été constamment renfermés dans les garde-meubles». Trente ans plus tôt, le discours était tout autre. Lors de la vente du chevalier de La Roque en 1745, l’expert  le célèbre Gersaint  recommandait une table assortie à un miroir, tout en étant bien obligé de reconnaître qu’ils étaient «d’un goût ancien et différent de celui qui règne aujourd’hui». La même expression revenait en 1748 chez l’expert de la vente Angran de Fontpertuis à propos d’une paire de consoles. Mais, à la fin de la décennie, ces meubles sont de nouveau recherchés comme pièces de collection. De grands marchands merciers, comme Lazare Duvaux, se mettent à en vendre à l’occasion pour des prix considérables à des clients prestigieux, jusqu’à Madame de Pompadour, acquérant une commode pour en faire cadeau à son frère, le (futur) marquis de Marigny, lors des étrennes de 1753. Ce dernier commence alors sa collection, notamment dans les ventes publiques, comprenant de très beaux exemplaires. Le peintre François Boucher acquiert lui aussi des meubles de l’ébéniste ou dans le goût de Boulle. Les prix s’envolent. Il n’est pas de vente importante qui ne comporte une section consacrée aux «meubles précieux de Boulle le père» ou «genre de Boulle». Des meubles vieux de quatre-vingts ans sont remis sur le marché et doivent être restaurés avant d’être revendus par les marchands parisiens. L’époque n’est pas au respect scrupuleux des meubles anciens, même s’il s’agit de pièces de collection (voir Gazette n° 35 du 12 octobre). Des formes nouvelles apparaissent ainsi, comme les secrétaires à abattant ou les encoignures. La mode est aux meubles bas qui permettent de disposer, sur…
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