Deux dates figurent sur ce recueil de prières miniature. La première – 1774 – est indiquée dans un colophon terminant l’ouvrage et précise qu’il a été écrit par le scribe Isaac, fils de Yekoutiel Ziskind Rofé d’Oisterwijk ; elle apparaît également sur la précieuse reliure de maroquin vieux rouge dorée aux petits fers, dont les plats, ornés de filigranes floraux, ont malheureusement perdu leur fermoir. La seconde – 1831 – est pour sa part associée à la mention «offert en souvenir par Abraham Pressbourg à Gittel fille de Hirsch Rahmanout», et figure en première page d’un texte de dédicace. L’expert de cette pièce rare estime qu’elle aurait été réalisée pour une femme fiancée ou mariée, puis recomposée ultérieurement afin d’adapter son texte et ses illustrations à une jeune fille. Le choix des prières est en effet limité : la bénédiction du bain rituel, par exemple, ne convenant pas pour sa nouvelle propriétaire, ne figure pas dans le manuscrit. Comptant cinquante-deux pages et plusieurs feuillets vierges, celui-ci se divise en trois sections faisant succéder les bénédictions celles en lien avec le repas sont les plus nombreuses et arrivent en tête , pour s’achever avec la prière à réciter au coucher. L’essentiel des miniatures, comme celles de la reine Esther et de la potence, du Temple ou encore du roi David jouant de la lyre, demeure classique au regard des recueils du XVIIIe siècle, dont un exemple est notamment conservé au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, quatre autres figurant parmi les plus belles pages de culture juive réunies par le collectionneur suisse René Braginsky. D’autres illustrations, plus originales, semblent avoir été spécifiquement réalisées pour ce livre de prières, comme celle des vignes et de la bénédiction sur le vin, ou celle de l’arc en ciel et de sa bénédiction.