Le domaine départemental de Chamarande accueille cette année une rétrospective des photographies de Jerry Schatzberg, né en 1927. Le cinéaste Grand Prix au Festival de Cannes en 1973 avec L’Épouvantail et scénariste américain fut d’abord photographe de mode, dans les années 1950 et 1960. Cet originaire du Bronx fait alors poser les mannequins dans la rue, comme William Klein et Frank Horvat à la même époque. Parallèlement, il capture toute une génération de musiciens aujourd’hui mythiques, des Rolling Stones à Jimi Hendrix, en passant par Frank Zappa et Bob Dylan pour lequel il réalisera la pochette d’un disque , et des stars comme Faye Dunaway et Catherine Deneuve, que l’on reconnaît à peine. Mais Jerry Schatzberg, ce sont aussi des portraits de Fidel Castro ou encore d’Andy Warhol, et toute une époque qui défile de salle en salle. À ces images de commande réalisées pour les prestigieux Vogue, Esquire ou Glamour s’ajoutent des instantanées de rue, à la croisée de la photographie humaniste et du regard malicieux et plein d’humour d’un Elliott Erwitt. Une œuvre éclectique que Schatzberg a lui-même scénographiée dans les vastes salles du château Louis XIII, en adoptant un parti pris surprenant où s’entremêlent noir et blanc et couleur, époques et genres, dans de longues séquences. Quoi de plus logique finalement qu’il ait élaboré l’ensemble comme on monte un film ? On ne manquera pas le diaporama, au son de la trompette de Miles Davis, qui clôt le parcours en beauté.