Pour sa première vente à Drouot, la maison de ventes plonge dans les réserves du 14, rue Bergère, à Paris, construit entre 1878 et 1881 par un élève de Viollet-le-Duc et occupé par la BNP Paribas.
Au détour des Grands Boulevards, en contrebas de la rue Rougemont, le piéton ne peut manquer la façade de ce bâtiment, œuvre d’Édouard-Jules Corroyer, illustrant l’engagement des banques dans le développement de l’industrie en cette fin de XIXe siècle. Elle présente trois arcades surmontées d’une grande figure féminine assise – création d’Aimé Millet – symbolisant la Prudence tenant un sceptre et le miroir de la Vérité, entourée de celles de la Finance et du Commerce, et d’une frise de médaillons en mosaïque évoquant les cinq continents, le toit se couronnant d’un clocheton. À l’intérieur, une verrière laisse filtrer la lumière sur le hall monumental, tandis qu’en sous-sol des dalles-verres de Saint-Gobain éclairent la salle des coffres tout en garantissant la sécurité. Un distributeur de courrier par tubes pneumatiques et un petit train complètent ce temple de la modernité… et de la finance. Il y a quelques mois, la société vendait ces 30 000 mètres carrés rénovés en 2009. Elle se sépare aujourd’hui de 150 lots dont le produit est destiné à la Fondation BNP Paribas : miroirs en bois doré, lampes bouillotte, pendules portique XIXe, bureaux plats en marqueterie de style Louis XV, tapisseries d’Aubusson ou des Flandres, mais aussi fauteuils, tables de réunion et meubles de bureau en acier chromé, métal tubulaire et Plexiglas fumé. De quoi assurer le confort des occupants des 1 600 postes de travail… Comptez quelques centaines à 5 000 € pour les acquérir. Sauf exceptions, toutefois. Un bureau plat marqueté estampillé Jacques Dubois est ainsi attendu autour de 30 000/50 000 €, tandis qu’il faudra pousser jusqu’à 100 000/150 000 € pour décrocher un escabeau à cinq marches de Jean Prouvé, modèle conçu vers 1951, réalisé seulement à quelques exemplaires pour des salles de coffres d’établissements bancaires (voir photo). Née en 1966 de la fusion entre le Comptoir national d’escompte et la Banque nationale pour le commerce et l’industrie, BNP Paribas contribua à l’ouverture des services bancaires au grand public en ouvrant des centaines d’agences. Une nouvelle page se tourne aujourd’hui pour la «banque d’un monde qui change»…