Depuis le sommet de la colline, le spectateur surplombe ce paysage. La composition est parfaitement organisée. Les genêts, scintillant de jaune et de vert, nous invitent à découvrir ces environs de Cailhau, dans l’Aude. On aperçoit le village au loin, mais le regard est entraîné en contrebas, le long de ce rocher d’un blanc irradiant, et se tourne vers l’horizon. Les genêts, ces arbustes aux fleurs d’un jaune soleil, devinrent l’un des motifs favoris d’Achille Laugé, à partir de son installation dans la région, au lendemain de la mort de son père, en 1895. En 1888, le peintre est revenu dans son pays natal, tout d’abord à Carcassonne, après six années passées à Paris, où il a notamment étudié dans l’atelier de Cabanel et de Laurens. Il y a surtout découvert le pointillisme, en 1886, lors de la huitième exposition des impressionnistes, avec Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte, de Georges Seurat. Si celui-ci se basait sur les écrits de l’historien de l’art Charles Blanc et du chimiste Michel-Eugène Chevreul pour créer ce style à la technique fort exigeante, Achille Laugé prendra quelques libertés afin de donner naissance à une peinture plus naturelle et plus vivante. Il réussira également à simplifier ses paysages, suffisamment pour créer une atmosphère intemporelle, idyllique, en conservant beaucoup de vérité. Avec cette toile, l’artiste démontre toute l’attention qu’il porte au cadrage. Celui qui se promenait dans sa région à bord d’une charette-atelier, à la recherche de nouveaux points de vue, fit une belle trouvaille avec ce lieu situé en hauteur, ouvrant sur une vallée aux nombreux reliefs, animés de genêts en fleur. Contrairement à aujourd’hui, où ses œuvres pointillistes réalisent de plus belles enchères que ses peintures de fin de carrière, Laugé eut bien des difficultés à imposer ces tableaux dans les salons officiels et à les vendre. Aussi, vers 1905, pour des raisons financières, finira-t-il par abandonner la touche divisionniste pour une manière plus libre.