Du 17 au 19 février, la foire Investec Cape Town Art Fair a donné le pouls de l’art contemporain sud-africain, qui se distingue par une belle vitalité.
C’était un anniversaire réussi pour la foire de Cape Town qui fêtait ses 10 ans cette année. Sur le thème du temps, l’événement, qui a multiplié les happenings, soirées et programmes associés, a accueilli quelque 23 000 visiteurs. Avec une centaine de galeries, dont plus de la moitié sont venues du continent, la foire séduit par sa taille raisonnable et sa sélection resserrée. Si les stars de l’art contemporain sud-africain étaient représentées, à l’instar de William Kentridge – l’un de ses dessins a été vendu 450 000 $ par la galerie Goodman – Investec Cape Town Art Fair est surtout un vivier pour les scènes émergentes. «Nos artistes ont fait sensation !», se réjouit ainsi Aïssa Dione, fondatrice de la galerie sénégalaise Atiss, basée à Dakar. Pour sa première participation, elle a sélectionné des œuvres de Ngimbi Bakambana Luve (RDC), Ousmane Bâ (Sénégal) et Moussa Traoré (Mali). «Nous avons reçu beaucoup de compliments et de requêtes que nous suivons, car les ventes n’ont pas été encore conclues. Je pense que nous étions dans une gamme de prix légèrement trop élevée, mais c’est bon à savoir et nous sommes motivés pour revenir l’année prochaine, car l’ambiance était bonne et nous avons rencontré et eu de bons échanges avec beaucoup de collectionneurs.»
Un déplacement qui vaut le détour, y compris pour les galeries parisiennes. «Nous avons souhaité revenir, car il est toujours important de consolider une présence initiale. La première fois, les gens nous remarquent, la seconde, les relations se solidifient», affirme Léa Perier Loko de la Septieme Gallery. Située à deux pas de Solférino, elle a inauguré un nouvel espace en septembre dernier à Cotonou, au Bénin, pour renforcer sa présence en Afrique. «Considérant notre implantation, il faisait sens de participer à l’une des grandes foires du continent », ajoute la galeriste qui présentait des œuvres de Rebecca Brodskis et Karo Kuchar. «Nous avons des liens forts avec l’Afrique du Sud, plusieurs de nos artistes étant basés ici. Il est donc important pour nous de venir sur place et de rencontrer les collectionneurs sud-africains», confie de son côté Clémence Houdart de la galerie parisienne 31 Project, qu’elle co-pilote avec Charles-Wesley Hourdé. Leur spécialité ? La promotion des scènes africaines de l’art contemporain, du continent et de ses diasporas. «Nous avons présenté cette année le travail de Léonard Pongo, M’barka Amor et Kelani Abass, qui ont rencontré un joli succès», ajoute celle qui vient aussi tout juste d’inaugurer, le 9 février, un nouvel espace quai de Seine. Selon elle, les acheteurs étaient au rendez-vous, avec «une présence plus forte d’internationaux, comme des collectionneurs américains que je n’avais pas vus lors de notre dernière participation, en 2020».
Unanimes, les galeristes louent l’ambiance festive de l’événement et de sa ville. «C’est toujours une foire très agréable, la ville est magnifique, vivante et l’un des plus grands hubs artistiques en Afrique, avec un écosystème de marché très dense», constate Clémence Houdart. «Par comparaison avec d’autres manifestations, y compris à Paris, l’investissement n’est pas si lourd que ça, confie Léa Perier Loko. Le prix du stand est très bas, accompagné d’un hébergement en hôtel – du jamais vu ! – et le coût de la vie sur place est très accessible. Les organisateurs de la foire ont été très pros, avec un grand accompagnement des exposants, ce qui peut paraître évident, mais que nous ne rencontrons pas partout. Chaque jour, la directrice, ou la responsable des expositions, venait nous demander des nouvelles. Quand on vient d’aussi loin, c’est quelque chose qui est très apprécié, et trop rare.» Autant de bonnes raisons pour y revenir…