Même si la date exacte n’est pas connue, l’idée de fixer des médaillons du miniaturiste du Grand Siècle Jean Petitot (1607-1691) sur des couvercles de tabatières en or appartient aux marchands-merciers, une nouvelle fois à l’origine d’une mode.
Il était grand temps que Paris leur consacre une exposition, et l’on remercie le musée Cognacq-Jay de s’y être attelé («La fabrique du luxe», jusqu’au 27 janvier 2019). À la fois négociants, importateurs, collecteurs, designers et décorateurs, ils sont au cœur du marché l’art parisien de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le parcours de Lazare Duvaux (1703-1758) y est largement évoqué : c’est dans son journal, à la date de juin 1752, que celui-ci mentionne pour la première fois la fourniture à Madame de Pompadour d’un «fond d’or gravé dans un dessus de boëte de lacq, ou est encadré un portrait d’émail de Petitot». Pour celle-ci, c’est le portrait présumé du Grand Dauphin prématurément décédé en 1711 qui fut choisi. Il venait s’insérer dans un corps en or ciselé, entièrement recouvert d’un émail d’un intense vert translucide. Un objet d’un grand raffinement, qui prenait place à 30 720 €.