Figure incontournable de la céramique moderne, Jacques Blin ajoute sa pierre à l’édifice avec des productions au décor scarifié sur fond à effet nuagé.
Si le destin de certains semble tout tracé, pour d’autres il réserve d’heureuses surprises, à condition de ne pas abandonner tous ses rêves… Diplômé des industries aéronautiques et automobiles, Jacques Blin enseigne le dessin industriel à Paris, puis travaille comme ingénieur à La Rochelle. Convoqué pour le Service du travail obligatoire en Allemagne en 1943, il refuse d’obtempérer, regagne Paris et entre chez Matra Aviation. Passionné par les arts plastiques, il décide d’abandonner l’aéronautique et de faire de la céramique son métier. Après une formation dans différents ateliers parisiens, il commence à créer des bijoux et des lampes à son domicile, avant de se tourner vers une céramique décorative et utilitaire, qui voit le jour dans la capitale puis à Auxon, en Indre-et-Loire. Reconnaissable au premier coup d’œil, son travail se partage entre des coupes, des bouteilles, des assiettes et des vases ornés de scènes de la vie quotidienne ou inspirées de la mythologie, et un bestiaire d’animaux sauvages, domestiques ou fantastiques, dont l’émaillage et la gravure sont comme sa signature. De sa rencontre avec le peintre Jean Rustin (1928-2013) naît ce style si personnel, inspiré de l’art pariétal : un décor scarifié exécuté à main levé, façon sgraffito avant cuisson, puis l’utilisation d’oxydes métalliques – le bleu, le céladon, le parme, l’orangé ou le blanc – apportant un effet marbré. À l’image de ce rhinocéros à l’air débonnaire…