Décédé il y a à peine une vingtaine d’années, Hoang Tich Chù s’impose comme l’un des plus grands laqueurs vietnamiens avec des œuvres tel ce paravent, acheté directement auprès de l’artiste à Hanoï.
Brun, rouge, orange, mais aussi or et argent… Hoang Tich Chù a renouvelé l’art de la laque au Vietnam grâce à sa palette, beaucoup plus variée que celle de ses prédécesseurs. Cette technique traditionnelle vietnamienne, utilisée pour tous les objets décoratifs comme pour le mobilier, devait acquérir une autre dimension artistique grâce à l’enseignement de l’École supérieure des beaux-arts de l’Indochine, fondée en 1925. Hoang Tich Chù y entre pour sa part en 1929. Il y étudie notamment le dessin, sous la direction de Nguyen Nam Son. Mais des difficultés familiales repoussent ses études, et il ne sera finalement diplômé qu’en 1941 : une année riche en événements, puisqu’elle le voit également ouvrir son atelier de peinture et de laque, rue Hang Khoai à Hanoï, et réaliser cet important paravent à trois feuilles. Celui-ci fut commandé directement à l’artiste par les grands-parents des propriétaires actuels, au moment de la naissance de leur second fils et alors qu’ils vivaient à Nam Dinh. Sur plus de trois mètres de longueur, l’ouvrage représente la pagode Chuâ Thây entourée d’un paysage et de son lac artificiel. Ce temple bouddhiste – l’un des plus anciens encore en place dans le pays, datant du XIe siècle – est un lieu de pèlerinage célèbre et prisé des Vietnamiens. Les temples occupent la partie centrale du paravent et sont entourés de montagnes, arbres et eau. Autant de sujets qui permettent à Hoang Tich Chù d’exprimer sa riche palette. Cette dernière est par ailleurs le résultat de l’utilisation de matériaux novateurs afin de créer des couleurs plus vives, mais aussi plus résistantes. Parmi ces derniers, la coquille d’œuf broyée ou incrustée pour le blanc et le bleu, mais aussi la feuille d’or, la poudre d’argent et celle de rubis pour les rouges. Une œuvre décidément des plus précieuses !