Véritable fondateur de l’illustre dynastie des Hache, Thomas est installé à Chambéry dans le royaume de Savoie gouverné par Victor-Amédée II, lorsqu’il livre cette armoire vers 1685-1690. Dite «Aux bustes à l’antique», en raison de son décor de figures d’empereurs romains ornant le centre des vantaux, elle se présente en fait comme un impressionnant trompe-l’œil, en reprenant le découpage d’un cabinet à deux corps, séparés par des tiroirs (voir Gazette n° 43, page 192). Elle arbore également quatre bouquets en marqueterie au naturel, placés dans des vases, des natures mortes mêlant les fleurs en vogue en cette fin du XVIIe siècle : tulipes, œillets, roses, etc. Une pièce charnière dans la production de Thomas Hache, et qui, à ce titre, figurera dans le tome 2 du livre Le Génie des Hache (à paraître prochainement aux éd. Faton). Pour l’instant, à Aix-en-Provence, elle s’appropriait 44 770 €. Jean-François, le fils de Pierre, est le petit-fils du patriarche ; dans les années 1740, les trois générations travaillent côte à côte dans le même atelier. Bientôt, Jean-François va s’émanciper, avant de s’illustrer dans un style Louis XV plein d’invention, comme en témoignait ici une petite commode ouvrant à deux rangs de tiroirs ; elle était entièrement galbée en façade et sur les côtés et reposait sur des pieds bien cambrés. En cerisier, le meuble bénéficiait d’un montage «à clef», et de marqueteries en réserves d’hêtre moiré en façade et sur les côtés. Fabriquée à Grenoble vers 1767-1769, notre commode qui, elle aussi, sera reproduite dans l’ouvrage cité précédemment, récoltait 12 100 €. Finissons sur une touche résolument moderne, avec un pichet en céramique émaillée noire, signé par Georges Jouve, dont il portait la marque sous la base. Datant des environs de 1960, il égayait votre intérieur pour 3 933 €.