Dans des albums oubliés dormaient des visions des années 1850… Et pour commencer, par un certain Gustave Le Gray, voici deux épreuves albuminées, caractéristiques de ses recherches de la période. La première se nomme Le Chêne creux, Fontainebleau, et date des environs de 1856. C’est à cette époque que le photographe parcourt la forêt bellifontaine pour en fixer les coins les plus picturaux, se souvenant alors de sa formation de peintre. Ce beau tirage à forte tonalité (31,8 x 41,2 cm), portant deux tampons, l’un signature en rouge et l’autre sec sur le montage, a enregistré la belle enchère de 114 400 € à partir d’une estimation haute de 20 000 €… Il est vrai qu’on ne connaît qu’un autre tirage identifié de cette prise, datant de 1859, conservé à l’Art Institute of Chicago. L’accompagnait La Mer Méditerranée à Cette (Sète) de 1857 (voir l'article Gustave Le Gray, l’émotion en photos de la Gazette n° 25, page 138). L’épreuve, arborant elle aussi le tampon-signature rouge et le tampon sec apposé sur le montage, avec étiquette portant le titre (32,1 x 41,7 cm), scintille de mille reflets ; elle s’inscrit dans la série des vues du littoral français qui occupe Le Gray à cette époque. Très séduisante, cette scène méridionale d’une fraîcheur incroyable n’est connue qu’à trois tirages localisés, dont un à la BnF. Aussi a-t-elle bien mérité 39 000 €. Eugène Le Dien est un autre de ces photographes dits « primitifs » ; il fixa surtout les villes d’art italiennes, telles Rome, Naples ou Pompéi. Ici, il signait un grand papier salé (33 x 23,6 cm), fixant, en 1852, le Temple de Castor et Pollux au centre du Forum (7 250 €). Cette épreuve a été réalisée par le praticien dans la Ville éternelle, avant que, de retour à Paris, il ne confie ses négatifs papier à Gustave Le Gray, qui leur ajouta des numéros à l’encre. Deux autres épreuves tamponnées «Le Gray Le Dien» existent d’ailleurs dans des collections privées.