La technique est sans faille, le réalisme minutieux et vivant ; de plus, cette élégante parisienne dont la robe est reproduite à la perfection se détache sur un fond de camaïeu marron, au léger flou, emprunté aux artistes impressionnistes de son temps. Gustave Courtois a su trouver un intéressant intermédiaire entre académisme et impressionnisme, se rattachant ainsi à ce que l’on peut appeler «le néoréalisme». Le portrait faisait partie des thèmes favoris de cet artiste né à Pusey, tout à côté de Vesoul. Repéré au lycée par son professeur d’arts plastique Victor Jeanneney, puis inscrit à l’école municipale de dessin, il rejoint rapidement un groupe de peintres placés sous l’égide de Jean-Léon Gérôme, lui-même né dans la commune franc-comtoise en 1824 et qui créera plus tard à Paris son propre atelier. C’est d’ailleurs lui qui encourage Courtois, en 1869, à s’inscrire aux Beaux-Arts de Paris dans son cours. Avec notamment ses amis Dagnan-Bouveret – futur époux de sa cousine, avec lequel il partage son atelier de Neuilly à partir des années 1880 –, Prinet et Jules-Alexis Muenier, il forme l’école dite «vésulienne» ou «haute-saônoise». Alternant des séjours dans la capitale et en Haute-Saône, Courtois laisse de nombreuses scènes de la vie quotidienne de sa région, des compositions historiques, mais surtout des portraits qui étaient à cette époque fort lucratifs et correspondaient bien au caractère de dandy mondain dont il témoignait. Fort d’une belle réputation, il eut parmi ses élèves le peintre franc-comtois Robert Fernier.