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Grande statuaire des Hembas

Publié le , par Anne Foster
Vente le 22 juin 2017 - 17:00 (CEST) - Salle 9 - Hôtel Drouot - 75009

En 2010, le musée du quai Branly réunissait les divers  peuples installés le long du fleuve Congo, établissant des liens entre leurs arts et soulignant aussi des spécificités, notamment la statuaire hemba.

République démocratique du Congo. Figure d’ancêtre hemba, bois dur à patine laquée... Grande statuaire des Hembas
République démocratique du Congo. Figure d’ancêtre hemba, bois dur à patine laquée noir profond, h. 63 cm.
Estimation : 220 000/280 000 €

La pureté des volumes attire et séduit le regard. L’ovale du visage, surmonté d’un chignon conique, est porté par un sobre cylindre qui se fond dans les rondeurs des épaules et le léger bombé du torse. Les bras coudés le long du corps se terminent par des mains posées sur un abdomen au nombril proéminent. La physionomie du sujet devait indiquer le lignage ancestral du clan : ici, le nez fin en triangle, presque joint à la bouche entrouverte, s’inscrit entre deux yeux en amande et les oreilles bien dessinées surmontent un fin collier de barbe. Ce sont des traits partagés entre diverses ethnies installées entre les rivières Luama et Luika, à la frontière de la forêt équatoriale et des savanes, région délimitée à l’est par le lac Tanganyika. Plus emblématique des Hembas, la coiffure quadrilobée, avec au centre les tresses formant une croix visible de dos , est placée soit au sommet de la tête ou de biais vers l’arrière. Voilà ce que notre œil occidental perçoit, éludant la profonde puissance magique que cette effigie possédait aux yeux des membres du clan. Dans tout le bassin du Congo, des rives de l’Atlantique à la région des Grands Lacs, cet immense territoire a connu d’abord des migrations d’ouest en est, suivant le fleuve et ses multiples affluents, et amorçant à partir du Xe siècle un retour. Pour ces ethnies d’origine bantoue, dont le berceau se situe au Nigeria et au Cameroun, le culte des reliques des ancêtres est essentiel à l’organisation de leurs croyances et de leur structure sociale. Ils les transportent lors de leur migration, transmettant par les reliquaires, les masques et la statuaire l’histoire de leur lignage. On remarque l’importance attachée à la tête, d’abord un crâne surmodelé, ensuite sculpté avec soin pour indiquer non seulement la lignée, mais aussi le rang occupé. Ces éléments du culte rythment la vie du groupe, célébrant le cycle des saisons, présents pour la mort d’un chef ou le choix d’un nouveau. Constituée d’un ensemble de familles et de chefferies, la société est fédérée autour de parents identifiés. La statue est l’affirmation de cette vénération, soulignant l’ascendance de chaque groupe jusqu’à l’ancêtre commun. Pour un objet si chargé de magie et de puissance, on faisait appel à des ateliers de sculpteurs renommés, comme ceux du village de Sayi, qui a donné son nom à un style particulier. Ces figures étaient conservées dans des édicules funéraires ou dans la maison du chef. Ceci explique pourquoi la statuaire hemba ne fut connue et étudiée qu’à partir des années 1950-1960, lorsque, selon le professeur Albert Maesen, l’accès à l’indépendance détermina «l’ébranlement des structures d’autorité et de leur support idéologique (…) Voire même un abandon graduel des restrictions visant l’accès aux symboles sacrés».

jeudi 22 juin 2017 - 17:00 (CEST) - Live
Salle 9 - Hôtel Drouot - 75009
Giquello & Associés
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