Artiste rare sur le marché, il a pourtant joué un rôle majeur dans l’émergence et l’installation de l’abstraction en France dès le début des années 1960. En témoigne ce triptyque.
La galerie Dutko a consacré à la fin de l’année 2021 une exposition à Georges Noël. Les critiques sont élogieuses, voyant même Philippe Dagen du Monde regretter que l’œuvre de ce dernier ne soit pas plus « montrée et estimée », et espérer « que le temps corrigera cette irritante inégalité de traitement ». Une occasion en sera offerte aux enchères avec deux œuvres précoces, ce Palimpseste, passé par la galerie Paul Facchetti, ainsi qu’une technique mixte sur toile de 1961, Codice ocre (89 x 130 cm), estimée 8 000/12 000 €. Deux titres, deux variations qui évoquent cette obsession de l’écriture, du travail sans cesse renouvelé du signe et des techniques, alliant grattage, ciselure ou inclusion sur un support original, un mélange d’acétate de polyvinyle semblable à une épaisse et dure colle blanche. Proche de l’art informel, Georges Noël a cependant gardé son indépendance tout au long d’une carrière loin d’être toute tracée, puisqu’il débute comme dessinateur industriel. Mais, formé par un père restaurateur d’église et par Armand Petitjean à Pau, il ne tarde pas à revenir à la peinture. Nous sommes en 1956. Déjà, son style a évolué vers l’abstraction, une orientation confirmée à son arrivée à Paris et la rencontre avec les artistes de l’époque, tels Jean Dubuffet et Georges Brassaï. Ce dernier lui a permis de découvrir au travers de ses photos le monde des graffitis : une ouverture vers les origines de l’écriture et de l’art.