Grâce à la préemption effectuée par le château de Versailles, cette paire de chaises de Georges Jacob va retrouver le domaine pour lequel elle fut créée.
En 1774, Louis XVI offre à son épouse le Petit Trianon. La jeune reine veut le remeubler à son image et fait appel à Georges Jacob pour une grande partie des sièges. Le menuisier, reçu maître en 1765, va y développer son talent, ce dont témoigne cette paire de chaises en hêtre mouluré et relaqué gris, au dossier en fer à cheval et aux pieds fuselés, cannelés et rudentés. Outre l’estampille «G Jacob» sous la traverse arrière, elles présentent une marque à l’encre sur les sangles indiquant «C.T», timbrée d’une couronne royale, une autre circulaire, celle du Garde-Meuble privé de Marie-Antoinette – un privilège obtenu en 1784, administré par son intendant Pierre Charles Bonnefoy du Plan –, et l’inscription «12 du n° 40». Toutes ces informations sont précieuses, corroborant l’origine de ces pièces et attestant qu’elles faisaient certainement partie d’une série de douze chaises formant le numéro «40» de l’inventaire. La plupart des archives du Garde-Meuble de la reine ayant disparu, lors des troubles révolutionnaires tout d’abord puis, beaucoup plus tard, de la Première Guerre mondiale, c’est avec de telles indications que l’on peut parvenir à en retracer l’histoire. Il était tout à fait légitime que le château de Versailles préempte ces deux objets d’ameublement, ce qu’il a fait pour 13 650 €.