Dépassant désormais occasionnellement le format habituel des présentations monographiques, les galeries d’art contemporain optent alors pour des expositions collectives souvent thématiques, qui s’accompagnent fréquemment d’incursions au-delà des limites de l’art contemporain. Tel est actuellement le cas à la galerie Jérôme Poggi : un ensemble d’œuvres aussi bien contemporaines que modernes ou anciennes appartenant au collectionneur Luc Bellier complète celles d’artistes représentés par la galerie (Babi Badalov, Maxime Bondu, Nikita Kadan, Kapwani Kiwanga, Sophie Ristelhueber, Georges Tony Stoll et Marion Verboom). Si certaines illustrent bien le thème de la peur ou la hantise de la mort, d’autres relèvent plutôt du malaise ou de l’inquiétude. Dans un parcours très pensé, on passe d’œuvres essentiellement politiques, dues pour beaucoup à des artistes afrodescendants, sur lesquelles plane l’ombre de la ségrégation raciale aux États-Unis, à des moyens ou petits formats, dont un minuscule et iconique autoportrait de Rembrandt apeuré. La gravure, à peine plus grande qu’un timbre, frappe par sa puissance. Autour d’elle, une vanité espagnole du XVIIe siècle et des œuvres sur papier de James Ensor, George Grosz et Otto Dix esquissent une danse macabre. La chose est assez rare dans ce type d’exposition pour être soulignée : ici, toutes les œuvres sont bien à vendre, et l’art moderne ou ancien ne constitue nullement un simple faire-valoir de l’art contemporain.