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Galerie Almine Rech : Günther Förg. A Game of Chess

Publié le , par Virginie Huet

Décidément, l’art vif de Günther Förg (1962-2013) a le vent en poupe. Début décembre, l’une des toiles tardives de l’artiste allemand, constellation de touches franches, faisait sensation chez Millon (voir l'article Les constellations colorées de Günther Förg de la Gazette n° 39 du 6 novembre 2020, page 6). Sa palette enlevée...

Günther Förg, Untitled (Work), 1990, acrylique sur feuille de plomb montée sur bois,... Galerie Almine Rech : Günther Förg. A Game of Chess
Günther Förg, Untitled (Work), 1990, acrylique sur feuille de plomb montée sur bois, 150 115 cm.
© Günther Förg - Photo : Ana Drittanti Courtesy de l’artiste et Almine Rech

Décidément, l’art vif de Günther Förg (1962-2013) a le vent en poupe. Début décembre, l’une des toiles tardives de l’artiste allemand, constellation de touches franches, faisait sensation chez Millon (voir l'article Les constellations colorées de Günther Förg de la Gazette n° 39 du 6 novembre 2020, page 6). Sa palette enlevée infuse ce printemps le bel espace parisien d’Almine Rech, qui lui rendait à Londres deux précédents hommages. De larges aplats jaune, vert, orange et noir recouvrent en partie la salle principale, qu’occupent aussi onze photographies hautes comme des tours. Cette série, réalisée en noir et blanc dans les années 2000, flatte la géométrie d’un bâtiment érigé sur une aire d’autoroute du Jura selon les plans utopistes de Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806). Les vues de sites remarquables sont courantes chez Förg, qui collectionne les gravures de Piranèse. À Capri comme à Vienne, il capture les édifices – la villa Malaparte, la maison Wittgenstein –, dont les motifs migrent de la photographie vers la peinture, dans un jeu de vases communicants. Ce que l’exposition démontre, alignant dans la pièce suivante cinq petits acryliques sur bois : d’épaisses empreintes rectangulaires y sont laissées en évidence, tandis qu’en face deux toiles, elles aussi minimales et sans titre, rappellent la trame d’un damier et ses premiers monochromes noirs, auxquels une couche de gris translucide donnait un fini laiteux. La dernière salle nous en dit plus sur l’indépendance de ce pseudo néo-expressionniste que les «situations limites» enchantent : une suite de «Grid Paintings» y opère la synthèse entre La Mort de Marat, peinte par Munch en 1907, et le bâtiment du Bauhaus de Dessau, érigé par Gropius en 1925. Förg cite ces sources que sont les abstractions de Barnett Newman, Cy Twombly, De Kooning, Fautrier, et produit en série des adaptations libres, toujours en prise avec leur époque. Comme si son œuvre ludique, attentive, n’était ni plus ni moins qu’une variation sur le même thème : la modernité.

Galerie Almine Rech,
64, rue de Turenne, Paris 
IIIe, tél. : 01 45 83 71 90.
Jusqu’au 10 avril 2021.
www.alminerech.com
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