À l’aube de son 100e anniversaire, Françoise Gilot n’a jamais été aussi présente. Son œuvre, méconnu en France, fait l’objet d’une rétrospective au musée Estrine à Saint-Rémy-de-Provence. Retour sur un parcours hors norme.
Pas facile d’être à la fois peintre et femme d’un géant du XX e siècle. Mais bien avant #MeToo, cette cavalière émérite a su tourner casaque : en quittant Picasso, Françoise Gilot a quitté son statut de muse, et du même coup la France, pour exposer outre-Atlantique. Cet entretien inédit, accordé en 2009 dans son atelier parisien, retrace ses combats pour devenir une créatrice accomplie. L’artiste Françoise Gilot est-elle née avant ou après sa rencontre avec Pablo Picasso ? Quand j’ai connu Picasso, j’avais 17 ans. Au même âge, j’ai commencé à peindre à l’huile et ai rencontré Endré Rozsda, un peintre hongrois avec lequel j’ai eu un long compagnonnage artistique. J’ai existé avant et après Picasso, mais je ne renie rien de cette période de ma vie. Quelle importance a eue pour vous le peintre Émile Mairet, proche de votre famille ? Ce peintre postimpressionniste était l’ami de ma grand-mère. Enfant, sa silhouette tout de noir vêtue m’avait impressionnée. Quand on m’a dit qu’il était artiste, j’ai pensé que ces êtres-là étaient plus intéressants que les autres. À 11 ans, j’ai eu un coup de cœur pour l’une de ses toiles grises, qu’il m’a gentiment offerte. Il aurait dit ensuite à mon père : «Votre fille…
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