Une ligne pure, des formes voluptueuses et une couleur noire d’une grande élégance, voici un objet qui séduit au premier coup d’œil. Véritable témoin d’une époque, le modèle de ce vase «Boule», au col mince, a été conçu vers 1957 par Georges Jouve. Acteur majeur du renouveau de la céramique dans les années 1950 et 1960, il a su créer des pièces uniques d’une modernité affirmée, tout en puisant son inspiration aux sources mêmes de la discipline, dans la tradition populaire des arts du feu. Abandonnant les lignes géométriques de l’art déco, il sera l’un des premiers à s’adonner aux formes libres, presque organiques, qui seront la base de tout un pan des arts décoratifs modernes de l’après-guerre. Georges Jouve s’est formé à l’école Boulle avant de passer par l’académie Julian et celle de la Grande Chaumière. Il débute sa carrière par des décors de théâtre et des travaux muraux, lorsque la guerre éclate. Fait prisonnier, il s’évade et se réfugie à Dieulefit, dans la Drôme, où il découvre le travail de la terre. Une démarche partagée par d’autres artistes comme en témoigne l’installation de Picasso à Vallauris en 1948 , à une époque marquée par le retour aux traditions populaires. Jouve s’inspire des celles-ci,et ses créations prennent les traits d’animaux ou de figures de Bacchus. Dans son atelier parisien de la rue de la Tombe-Issoire, à partir de 1945, il se lance dans la production de pièces qu’il exposera dans le monde entier. En 1954, il quitte la capitale pour s’installer au Pigonnet, à Aix-en-Provence. Une nouvelle période commence, marquée par des œuvres à la surface émaillée et aux formes plus épurées, s’adaptant parfaitement aux décors et au mobilier de l’époque, tels les intérieurs de Jacques Adnet ou les meubles de son ami Mathieu Matégot.