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Fables d’Orient - Miniaturistes, artistes et aventuriers à la Cour de Lahore 

Publié le , par Emmanuel Lincot

Musée national des arts asiatiques Guimet, 6, place d’Iéna, Paris XVIe, tél : 01 56 52 53 00, www.guimet.fr Jusqu’au 27 mai 2019.

Imam Bakhsh Lahori (XIXe siècle), L’Ermitage, Pakistan, Lahore, 1827-1843. Fables d’Orient - Miniaturistes, artistes et aventuriers à la Cour de Lahore 
Imam Bakhsh Lahori (XIXe siècle), L’Ermitage, Pakistan, Lahore, 1827-1843.
© RMN-Grand Palais (MNNAG, Paris)/Thierry Ollivier

Parmi les soixante miniatures exposées sous la rotonde, les Fables de La Fontaine (prêtées par le musée de Château-Thierry) sont pour la première fois montrées à Guimet. Exécutées au XIXe siècle au Pendjab, à l’école du maître Imam Bakhsh Lahori, elles ont été réalisées à la Cour du souverain de religion sikhe Ranjit Singh (1780-1839), à la demande du baron Félix Feuillet de Conches (1798-1887). Chef du protocole au ministère des Affaires étrangères en France, ce dernier obtint, par la médiation de trois compatriotes, une illustration à la manière indienne des pages encore vierges de l’édition Didot (1827) des Fables. Ces miniatures hybrides par le sujet même de leurs représentations côtoient ici des portraits de maharajahs, mais aussi les plans des jardins de Shalimar qu’abritent les murs des palais de Lahore. Ces images forment quant à elles un second corpus. Elles ornent les Mémoires du général Claude-Auguste Court, du nom d’un ancien rescapé des campagnes napoléoniennes, alors Conseiller militaire français auprès de la Cour au Pendjab. Véritables images métisses, elles sont nées de la rencontre entre plusieurs civilisations. La production de ces images nous oblige à penser le monde en termes de connexions et de circulation, car le contact avec des œuvres européennes est ici évident. Il participe d’une pratique de l’allégorie déjà très répandue en Orient, et tout particulièrement sous la dynastie moghole, qui s’inspire d’une culture qui a déjà tourné le dos à ses influences persanes, et préside à la composition même de ce genre d’image. Et déjà l’art du portrait dévoile ici ses emprunts faits à une culture visuelle d’inspiration chrétienne. Des aspects qui sont à l’origine d’une occidentalisation, même partielle, des Indes et de leur imaginaire, et qui auraient pu être ici dévoilés davantage.

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