Printz et Fjerdinstad, deux des temps forts d’un ensemble consacré à l’art déco… les pièces uniques d’hier faisant les succès aux enchères d’aujourd’hui.
Un meuble de salon, réalisé à quatre mains par Eugène Printz (1879-1948) et Jean Dunand (1877-1942) pour une commande spéciale (voir l'article Printz - Dunand : quand le baroque joue avec le minimalisme de la page 52 de la Gazette n° 21 du 31 mai), séduisait par son originalité et l’association de ces deux grands noms de l’art déco français. Il recevait 409 600 €, résultat comblant les attentes et doublant son estimation. Il entraînait dans son sillage métallique les poissons en corne blonde et en ambre rouge d’un orfèvre danois, qui se révélait ici maître de la tabletterie, Christian Fjerdingstad (1891-1968). La trentaine de pièces, provenant de sa collection privée, qui avaient fait l’objet d’un «Événement» dans la Gazette n° 19 du 17 mai (page 12) totalisaient 227 000 € : 25 600 € attrapaient le petit poisson rouge en ambre (reproduit ci-dessus), 16 640 € une tête de cervidé en corne, 10 880 € revenant à une broche «Poisson» en corne et or, 11 520 € à un pot couvert en buis et corne, ou encore 32 000 € à une paire de candélabres en argent dont les quatre bras de lumière entourent un rostre de narval. La Tigresse marchant sculptée par l’animalier Roger Godchaux (1878-1958), issue d’un tirage en bronze de 1931, en feulait d’envie et recevait par le même coup un record mondial de 75 520 € (source : Arnet). Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Un amateur avait réussi à réunir treize des pièces du fameux service baptisé «Visage noir» de Pablo Picasso (1881-1973), possédant douze assiettes et un plat. L’ensemble, réalisé dans l’atelier de Madoura en 1948, a été adjugé 76 800 € : chaque visage en avait les joues rouges de plaisir ! Retour dans le domaine de l’orfèvrerie et de la bijouterie avec Jean Després (1889-1980), un créateur dont l’influence dans le renouveau de ces métiers est unanimement reconnu. L’une de ses broches modernistes, en argent et glace peinte, exécutée en collaboration avec l’artiste Étienne Cournault (1891-1948), accrochait ici 69 120 €. Elle aurait pu figurer dans l’exposition «UAM, une aventure moderne», organisée au Centre Pompidou en 2018. Y participait d’ailleurs une étonnante console asymétrique de Francis Jourdain (1876-1958) en placage de bois de bouleau de Norvège et métal nickelé, fabriquée vers 1930. Ce meuble, de qualité muséale, partait vers d’autres rives pour 52 480 €.