Depuis le début, la Ville lumière est le sujet de prédilection de nombreux photographes. Parmi eux, Eugène Atget (1857-1927) l’a documentée sans relâche pendant une trentaine d’années au tournant du XXe siècle. Organisée en collaboration avec le musée Carnavalet, qui conserve la plus vaste collection le concernant, l’exposition présente une sélection de 150 épreuves originales tirées par l’auteur lui-même. Le parcours débute par deux portraits de l’homme réalisés par Berenice Abbott, comme un hommage à cette photographe américaine qui a largement contribué à sa reconnaissance. Classiquement présentées, les images aux teintes sépia se succèdent, parfois regroupées par ensemble. Travaillant à la chambre – ancêtre lourd et encombrant de l’appareil photo –, Eugène Atget n’a pourtant pas ménagé sa peine. Il a saisi le vieux Paris en voie de disparition, des petites rues du centre aux fortifications, jusqu’à la «zone». Articulée par sujet, la présentation met en lumière la richesse et la diversité des points de vue : cours, enseignes, voies ferrées, portes, cabarets, etc. Une capitale souvent déserte où, de temps en temps, vient se glisser un personnage devant une boutique, et même un surprenant chien en laisse. Pour voir du monde, il faut aller en périphérie, où les chiffonniers et les «Romanichels» – comme on disait alors – se regroupent devant leur roulotte. Assurément, Eugène Atget aimait tous les Paris.