Racks métalliques, palettes, caisseries, plastiques d’emballage, fragments non identifiés, plâtres corrodés, œuvres sales et lacunaires… Saisissant, l’effet «réserves de musée» n’est pourtant pas une mise en scène tapageuse surfant sur l’engouement actuel pour les coulisses. Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans,...
Vue des réserves du musée des beaux-arts d’Orléans.
Racks métalliques, palettes, caisseries, plastiques d’emballage, fragments non identifiés, plâtres corrodés, œuvres sales et lacunaires… Saisissant, l’effet «réserves de musée» n’est pourtant pas une mise en scène tapageuse surfant sur l’engouement actuel pour les coulisses. Olivia Voisin, directrice des musées d’Orléans, fait la remarque suivante : «Alors que notre département XIXesiècle est en cours de réaménagement d’ici 2020, je voulais faire participer nos visiteurs au chantier en leur montrant la réalité de toutes les réserves de musée, et les faire s’interroger. Que devons-nous restaurer, montrer, laisser en réserve ?» Outre les immanquables découvertes de ce type d’entreprise, comme l’identification du plâtre de L’Âge de fer d’Alfred Lanson, cet étalage de sculptures-martyrs est avant tout pédagogique. Il l’est pour rappeler la relativité du goût : ces œuvres sages du XIXe ont été malmenées (mauvaises conditions de conservation) par un XXesiècle plus friand des avant-gardes que d’académisme. Le catalogue des altérations qui s’étale ici (corrosion, disparition des patines d’origine, effritement de certains marbres incendiés…) est une aubaine pour les étudiants, dont ceux de l’école de restauration de Tours, partenaire du musée. Cette sensibilisation à la restauration devrait se poursuivre dans le futur parcours permanent qui ménagera une place aux œuvres non restaurées. Disloquée et au visage proche d’un Picasso ou d’un César suite aux bombardements de 1940, la Jeanne d’Arc en bronze d’Adolphe-Louis-Victor Goeffroy devrait rejoindre l’hôtel Cabu, musée d’histoire et d’archéologie, pour témoigner de l’histoire meurtrie de la ville. Au sortir de ce parcours touchant de fragilité, ces statues trouvent une résonance contemporaine dans la mise en valeur de leurs stigmates. Pas étonnant qu’un artiste comme Ugo Schiavi, intéressé par la notion de fragment, ne vienne apporter son regard actuel.
Musée des beaux-arts, 5, place du 6 juin 1944, Orléans, tél. : 02 38 78 75 75. Jusqu’au 13 juillet 2019. www.orleans metropole.fr
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