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Épinal : Loup ! Qui es-tu ?

Publié le , par Sophie Reyssat

La bête promène sa silhouette caricaturée par les hommes dans cinq espaces du musée. Telle une profileuse, la commissaire d’exposition Jennifer Heim a épinglé les différents visages de l’animal, omniprésent dans l’imagerie populaire, et dont le stéréotype a été diffusé en France dans tous les milieux par le colportage....

Charles Pinot , Le loup, la chèvre et les biquets, après 1921, imagerie Pellerin,... Épinal : Loup ! Qui es-tu ?
Charles Pinot , Le loup, la chèvre et les biquets, après 1921, imagerie Pellerin, lithographie coloriée au pochoir.
© Musées de l’image, ville d’Épinal, cliché Essy Erfani

La bête promène sa silhouette caricaturée par les hommes dans cinq espaces du musée. Telle une profileuse, la commissaire d’exposition Jennifer Heim a épinglé les différents visages de l’animal, omniprésent dans l’imagerie populaire, et dont le stéréotype a été diffusé en France dans tous les milieux par le colportage. La collection du musée – riche de plus de cent mille images – fournit l’essentiel des exemples, qui trouvent leur écho parmi quelques ouvrages et œuvres d’art prêtés par d’autres institutions : une salle évoque ainsi la louveterie, instaurée pour exterminer l’animal. Très tôt dans l’histoire, le loup est dénaturé par le regard de l’homme : alors que les images pieuses en font l’ennemi symbolique de l’agneau christique, les planches scientifiques du Jardin des Plantes le représentent dévorant une carcasse sanglante, entre un tigre et un léopard bien moins menaçants. Inscrites sur les vitrines, les phrases assassines de Buffon et de Gaston Phoebus font une mauvaise réputation à l’animal, également craint pour la rage, dont on tente de se prémunir avec l’image de saint Hubert. D’Ésope à La Fontaine, de Perrault aux frères Grimm, des récits immémoriaux sont traduits en images, et les historiettes moralisatrices du XIXe siècle mettent en scène la voracité lupine, terrible menace pour les innocentes fillettes. À l’étage, où s’exposent contes et fables, l’image du prédateur bascule cependant, grâce à l’enfant-loup de Rudyard Kipling. La parole est donnée à l’animal, auquel on trouve désormais des qualités. La porte est ouverte au sympathique P’tit loup de Walt Disney et à la réécriture du Petit chaperon rouge par l’illustratrice Marjolaine Leray. Le parcours s’achève avec une mise en scène décontextualisée de l’animal par Mircea Cantor. Et si le loup n’était finalement qu’un loup ?

Musée de l’Image,
42, quai de Dogneville, Épinal (88), tél. 
: 03 29 81 48 30.
Jusqu’au 31 mai 2020.
www.museedelimage.fr
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