Des couleurs en aplats, un paysage landais animé d’immenses pins, tortueux et élancés vers le ciel dans une atmosphère vaporeuse et poétique. Tous les éléments de la peinture de Jean-Roger Sourgen sont réunis dans cette œuvre, qui sera accompagnée d’une autre, aux dimensions similaires un Paysage lacustre daté de 1931, annoncé au même prix. Deux toiles qui pourraient parfaitement être accrochées en pendant, et qui se distinguent par leur format vertical les paysages du peintre landais étant plus souvent horizontaux. Sourgen n’est pas un artiste très présent sur le marché, mais la vente du 7 août 2017, à Saint-Jean-de-Luz, fut un succès : la totalité des 154 lots issus de son atelier ont été vendus, et leurs estimations quadruplées… Conséquence, la cote de l’artiste a fait un bond ! Son huile sur panneau Lac des Landes au crépuscule, de 1938, était ainsi adjugée 61 965 €. Une belle reconnaissance pour cet autodidacte, né à Léon, dans les Landes, en 1883. Horloger de formation, il a exercé de nombreux métiers et a même été coureur cycliste avant de se lancer dans la peinture en 1905, après sa rencontre avec Alex Lizal et Georges Bergès. Installé à Dax puis à Bayonne, il pratique également la photographie, privilégiant, comme pour sa peinture, les paysages et les coutumes de sa région. En 1925, il s’installe à Hossegor dans une villa nommée «Rêver, peindre, chasser» et spécialement conçue pour lui par l’architecte Godbarge afin de vivre en communion avec la nature. Sociétaire des artistes français, il a vu plusieurs de ses œuvres achetées par l’État. Sa peinture porte également la marque d’une époque, celle de l’art déco. Ses paysages épurés et poétiques s’adaptaient à merveille aux programmes décoratifs des villas des environs, à l’image du travail qu’il réalisa pour celle nommée «Guernika», à Hossegor. Dans cette ville devenue l’une des stations balnéaires les plus prisées du début du XXe siècle, avec Suzanne Labatut, Sourgen participa, à la décoration du Sporting Casino, un ensemble architectural construit entre 1927 et 1931 et aujourd’hui classé monument historique. Esthétisme et spiritualité forte caractérisent ses œuvres, témoins de leur époque.