Plutôt rare dans les ventes d’arts africain et océanien, la sculpture de la grande île rouge effectuait le plus beau pas de deux.
Cette sculpture en bois du peuple sakalava ou vezo de Madagascar a appartenu à Jacques Kerchache, ce qui lui donne un pedigree des plus respectables et l’a menée à un résultat de 71 500 €. Le port d’un salaka, sorte de cache-sexe protecteur utilisé notamment lors de rencontres pugilistiques, laisse supposer qu’il s’agit de lutteurs. Le sculpteur a parfaitement su rendre ce moment de tension où les deux hommes dont les bras s’enlacent s’observent et se jaugent avant la prise. Les Sakalava sont surtout connus par leur art funéraire, sous forme de grands totems (aloalo) désignant les tombeaux et évoquant la vie du défunt, mais aussi de sculptures destinées à orner les sépultures, le tout en bois. Les pêcheurs vezo de la côte sud ont produit des œuvres similaires, ce qui rend difficile l’attribution à l’une ou l’autre ethnie. Autre rareté de cette vacation, un couple (h. 70 et 73,5 cm), certainement du peuple bantou yao du Malawi ou de Tanzanie, se tenait droit à 56 640 € – l’homme provient de la collection Arman et a fait l’objet d’expositions. Leurs œuvres sont parmi les moins documentées du continent africain, sans doute du fait de leur très petit nombre et de l’ancienneté de leurs collectes, précise l’expert, ajoutant qu’il semble «néanmoins qu’elles soient en relation avec les différents degrés de l’initiation des jeunes gens». La puissance des torses, la musculation visible, les scarifications du dos, les visages réalistes et les bijoux ornant les ailes du nez et les lèvres sont autant de détails tendant à les attribuer à ce groupe humain.