Les ordres et décorations du monde se mettaient en marche pour venir s’accrocher et raconter leur histoire, notamment celle du temps d’Albert Sarraut.
La maison de ventes Pescheteau-Badin a rejoint Beaussant Lefèvre pour organiser cette dispersion spécialisée. Ensemble, elles totalisaient 430 282 €. La première présentait ce médaillon constitué de deux soleils, offert par le général Tang Jiya, gouverneur du Yunnan, à Mme Sarraut, épouse d’Albert Sarraut (1872-1962). De celui-ci, avocat, député, sénateur, puis ministre, on connaît l’implication dans la gestion des colonies françaises et tout spécialement de l’Indochine, dont il devient gouverneur général à deux reprises, de 1911 à 1914, puis de 1917 à 1919. Cette pièce retenait 24 130 €. Un ensemble de première classe (Grand-Croix) comprenant le bijou et la plaque en vermeil et émail de l’ordre du Grain d’or, fondé en 1912, recevait 26 670 €. Celui-ci a été décerné le 28 février 1914 directement à Albert Sarraut par «Le grand Président de la République de Chine […], afin de témoigner de [sa] bonne volonté.» Ce sont donc deux décorations d’une haute valeur diplomatique récompensant un homme qui, par sa politique, a cherché à introduire plus de démocratie dans le système colonial, notamment en donnant davantage de postes aux élites locales. Sur le procès-verbal de Beaussant Lefèvre étaient inscrits les 22 860 € de la croix de chevalier à huit pointes pommetées de l’ordre de Saint-Michel, fondé en 1469 (voir l'article Un scientifique, chevalier de l’ordre de Saint-Michel de la Gazette n° 16, page 39), remise au scientifique Jean-Baptiste Biot (1774-1862) par Louis XVIII, le 21 juillet 1821, il y a donc quasiment deux cents ans. On y trouvait également un bijou de chevalier prussien en or ciselé attribué «pour le Mérite pour les Sciences et les Arts», cette fois accroché à 16 510 €, et les 12 700 € d’une croix de 2e classe avec couronne impériale en or et émail rouge, du fameux ordre de chevalerie du duché de Holstein-Gottorp de Sainte-Anne, fondé en 1735 avant d’être modifié en 1797 et incorporé aux ordre russes par le tsar Paul Ier (1796-1801). Sa devise ? «Amantibus, Justitium, Pictitiam et Fidum», autrement dit «Amour, justice, piété et fidélité».