Dijon et Tolède, vues par les peintres

Particulièrement détaillé, ce séduisant Panorama de la ville de Dijon a été peint à la gouache par Pierre Joseph Antoine. Ingénieur des Ponts et Chaussées, l’homme devait également mener une carrière d’architecte dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, après l’incontournable séjour d’étude à Rome, effectué entre 1761 et 1763. C’est là qu’il adoptera définitivement le «style des Grecs et des Romains», désormais référence absolue en matière d’architecture. De retour en France, il est nommé sous-ingénieur des États de Bourgogne, et quand sonne la Révolution, le voici ingénieur en chef du département de la Côte-d’Or, en 1790. Il donne aussi des leçons d’architecture à l’école des beaux-arts de Dijon qui vient d’être créée. Dans la capitale de la Bourgogne, il se passionnera pour les édifices anciens dont regorge la cité, rédigeant de nombreux ouvrages comme ces Mémoires sur l’église Notre-Dame de Dijon, publiés en 1813. Quant à notre panorama, il se révèle doublement intéressant, par la description de la capitale de la Bourgogne à la fin de l’Ancien Régime, et par la rareté des œuvres de son auteur. Bien connue – elle avait été exposée en 1959 dans une exposition du musée des beaux-arts de Dijon –, la gouache se retrouvait au cœur d’une rixe d’enchères entre particuliers, avant d’être adjugée 35 960 € à un collectionneur dijonnais. Autre vue célèbre, ce paysage élaboré par le Parisien André Maire et magnifiant à sa manière, sophistiquée, Le Pont sur le Tage à Tolède. La grande toile, dans les tons gris et sépia chers au maître de l’art déco, a fait l’objet d’une analyse dans la Gazette n° 13, page 144, et recevait, en ce samedi, 13 640 €. Procédant à rebours des autres artistes, Maire visite d’abord les terres lointaines, profitant de son service militaire en Indochine pour découvrir les temples dans la jungle d’Angkor dont il saura rendre l’étrange splendeur. Plus tard, viendront les pays du sud de l’Europe, et surtout l’Espagne, qu’il visitera à l’occasion de son séjour à la Casa de Velázquez, à Madrid.