Bien que non signée, cette toile portant le cachet à la cire monogrammée «E.D.» avait fait partie au début des années 1950 de deux expositions, l’une consacrée aux natures mortes en France et l’autre, aux chefs-d’œuvre de collections privées. Désormais, elle est donnée sans hésitation à Eugène Delacroix (1798-1863), ce que le résultat de 193 750 € l’honorant ne contredisait pas. L’artiste s’intéresse aux fleurs à la fin de sa carrière, mais pas à la manière des peintres habituels du genre, le bouquet joliment disposé ne l’intéressant guère.
Il confère aux charmantes et fragiles nouvelles hôtesses de ses œuvres la monumentalité de ses tableaux d’histoire. Dans une lettre à son ami Constant Dutilleux, il écrit «avoir essayé de faire des morceaux de nature (…) en réunissant dans le même cadre et d’une manière peu probable la plus grande variété de fleurs». Ce n’est pas le détail qui importe mais bien une vision d’ensemble, d’où doit naître une impression de jaillissement. Il va cueillir ses sujets dans le jardin de son amie George Sand. La romancière aimera à raconter que c’est lors d’un séjour à Nohant, en 1842-1843, que Delacroix s’est essayé pour la première fois à la peinture de fleurs. Romantique à souhait.