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Des canards à la mode marseillaise

Publié le , par Philippe Dufour
Vente le 03 juin 2021 - 14:00 (CEST) - Salle 9 - Hôtel Drouot - 75009

Au XVIIIe siècle, Marseille a été l’une des capitales des pièces de forme en faïence, et ce grâce au talent de Joseph Fauchier. La preuve en est fournie par cette paire de canards, posés sur leur présentoir.

Marseille, XVIIIe siècle. Paire de terrines couvertes en forme de canard reposant... Des canards à la mode marseillaise
Marseille, XVIIIe siècle. Paire de terrines couvertes en forme de canard reposant sur leur plateau ovale à bord contourné, à décor polychrome, manufacture de Fauchier, 34 23 cm.
Estimation : 40 000/50 000 €, 
Adjugé : 57 150 €

Introduire la nature dans les intérieurs, à travers la représentation de ses hôtes les plus rustiques… Tel semble le credo, en accord avec l’air du temps, des faïenciers européens d’un XVIIIe siècle plein de fantaisie. Dès les années 1730, ils vont proposer à leur clientèle nombre d’objets utilitaires, qui empruntent leur silhouette aux hures de sangliers, lièvres couchés, poules et autres dindons représentés en entier. Parmi ces figures naturalistes, dissimulant soupières ou terrines sur les plus grandes tables, celle du canard occupe une place privilégiée. En France, certaines manufactures se feront une spécialité de la représentation du palmipède, telle la fabrique de Paul Hannong (1700-1760) à Strasbourg – dont l’important service livré en 1751 au prince électeur de Cologne, Clemens August, et composé d’une majorité de pièces de forme, demeure un sommet du genre. À la même époque, Marseille s’affirme également comme l’autre capitale de la production de canards en faïence ; les modeleurs de la célèbre Veuve Perrin s’en emparent pour réaliser d’originales saucières à trois pattes, la tête du volatile jouant la préhension. Mais le véritable maître des canards marseillais s’appelle Joseph Fauchier (1687-1751), dont les ateliers ont livré cette paire de terrines couvertes, reposant sur leur plateau ovale à bord contourné. Cet ensemble de grand feu est tout à fait spectaculaire, tant par son coloris, mariant avec bonheur des verts et des bruns pâles à un jaune éclatant, que par son sens du réalisme, rendu par les becs entrouverts ou le retroussis des plumes de la queue. Né à Peyruis dans les Alpes-de-Haute-Provence, Fauchier crée en 1730 sa propre entreprise dans la cité phocéenne, après y avoir dirigé la fabrique de Madeleine Héraud et Louis Leroy. Sa manufacture, située place du Pentagone, va devenir en quelques années l’une des plus importantes de Marseille. À ses débuts, l’entrepreneur use des décors « à la Berain », puis évolue vers des paysages polychromes, dans le style de Moustiers ou de la Chine, plus rocaille. Cependant, ce sont les pièces de formes et la petite statuaire, à la terre jaunâtre et à l’émail très brillant, qui confortent sa renommée, perpétuée par le neveu du faïencier – et également prénommé Joseph – arrivé en 1751. De nos jours, seuls quelques-uns de leurs canards ont survécu, dont deux sont conservés dans des institutions méridionales : à Marseille, au musée des Arts décoratifs, de la Faïence et de la Mode, abrité par le château Borély, mais aussi au musée des beaux-arts de Narbonne. Ce qui laisse présager d’une belle bataille pour adopter nos sympathiques palmipèdes. 

jeudi 03 juin 2021 - 14:00 (CEST) - Live
Salle 9 - Hôtel Drouot - 75009
Pescheteau-Badin
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