Le canivet est connu pour être une image pieuse en vogue entre les XVIIe et XIXe siècles, illustrant comme il se doit un thème religieux et réalisé dans les ateliers des moniales. C’est l’outil servant à sa réalisation, une sorte de canif permettant la perforation du papier, qui lui a légué son nom. Les pays de l’Europe germanique l’emploient dès la Renaissance, mais, de par leur culture protestante, la technique sortira du secret des couvents pour rejoindre des ateliers d’art populaire et donner lieu à des images profanes, gagnant notamment le royaume de France sous le nom de «portraits à la silhouette». À l’origine de cette appellation, le contrôleur général des Finances de Louis XV, Étienne de Silhouette (1709-1767)… Grand amateur en la matière, il avait couvert les murs de son château de portraits et paysages d’ombres. L’artiste genevois Jean Huber, dit Huber-Voltaire (1721-1786), s’en fera quant à lui une spécialité. L’aspect de tels canivets s’apparente plutôt à de véritables tableaux de dentelle, à l’image de ce paysage en découpures superposées. Dans ces dimensions importantes (50 x 64,5 x 18 cm), il est des plus rares, et l’ouvrage ne passait pas inaperçu en détail et en pleine page dans la Gazette no 41, page 79. Son résultat de 78 000 € non plus, bien que pleinement justifié. Pièce d’art populaire, réalisée dans le calme par un homme dont seul le nom, Kugler, et l’appartenance à la famille suisse des Déléamont dont il était un cousin éloigné paralysé sont connus, vient de sortir de l’anonymat par le haut.