Delahaye et ses carrossiers

Cette dispersion d’automobiles de collection présentera cinq Delahaye. Fleuron de l’industrie automobile française, l’entreprise a été créée par le brillant ingénieur Émile Delahaye, entré major aux Arts et Métiers en 1859, et dont le premier modèle, construit en 1894, compte parmi les pionnières. Quatre ans plus tard, après s’être associé à Georges Morane et Léon Desmarais pour développer son activité et faire face à la concurrence de De Dion-Bouton, il crée le type 0, véhicule léger à moteur monocylindre horizontal de 1 099 cm3 installé à l’arrière sous le châssis, qui sera produit sur le site initial de Tours, mais aussi à Paris. En témoigne ici l’un des premiers à avoir été fabriqué, proposé autour de 125 000 €, qui se présente dans un remarquable état de conservation. Seuls quatre modèles de ce type existeraient encore. Sa carrosserie «duc» est une réminiscence des véhicules hippomobiles à caisse basse largement ouverte, à conduite de l’intérieur. Près de quarante ans plus tard, l’habillage des automobiles est un art consommé, qu’Henri Labourdette pratique avec brio. Pour preuve, l’élégante carrosserie profilée qu’il a réalisée en 1936 pour le châssis allongé d’une 135 «Coupe des Alpes». Ce modèle, l’un des plus recherchés, a été entièrement restauré. Il est attendu autour de 225 000 €. Symbole du luxe et de la sportivité à la française, produite jusqu’en 1952, la série 135 a eu le temps de voir sa carrosserie déclinée dans de multiples versions. Dubos est ainsi l’auteur d’une élégante variante cabriolet aux lignes classiques, installée après-guerre sur un châssis de 1937. Le résultat est un exemplaire unique de Delahaye 135 M, proposé autour de 175 000 €. Un modèle similaire (voir photo) a été habillé par Henri Chapron, un an plus tard, dans une version «grand luxe» dotée d’ailes en pointe «torpille», de pare-chocs fins «aviation» et d’une finition particulièrement soignée de l’habitacle. Dans un état d’origine exceptionnel, elle conserve même sa peinture de 1938.