Le pittoresque de ce costume ne doit pas faire oublier qu’il est porté par un palikare, autrement dit un soldat de l’armée grecque combattant les Turcs à l’heure de la guerre d’indépendance… Nourri par les idées de la Révolution française, le soulèvement contre l’Empire ottoman a débuté en 1821. Ses atrocités s’étalent dans la presse et émeuvent toute l’Europe, qui prend fait et cause pour les Grecs. Avec romantisme, et alors que des comités philhellènes se créent à partir de 1824, nombre de Français se passionnent pour le combat des descendants des héros de l’Antiquité contre les barbares. Eugène Delacroix, qui entend faire de la peinture d’histoire contemporaine, met la liberté de son pinceau au service de leur cause, qu’il défend dans plusieurs tableaux très remarqués. Bien qu’il ne soit jamais allé en Grèce, le peintre déjà épris d’exotisme s’est plu à détailler les tenues de ses habitants dans des études réalisées pour ces œuvres, comme la Scène de la guerre actuelle des Turcs et des Grecs, exposée au Salon de 1827. Celui du personnage proposé ce dimanche peut ainsi être rapproché des costumes conservés dans la collection Karen B. Cohen, à New York. Cinq peintures sur ce sujet ont été réalisées dans un format similaire. Dix ans plus tard, l’orientalisme du peintre prendra un autre chemin, celui de l’Afrique du Nord, et une autre vérité, cette fois puisée dans les souvenirs de ses voyages plutôt que dans la littérature de ses contemporains.