Décor peint au début du XVIIIe

Le banquier parisien Jean Delaunay fait édifier, entre 1670 et 1693, aux portes de Paris, à Clichy, une maison de charme d’un rez-de-chaussée couvert d’un comble brisé.
La fortune de cette demeure prend un autre élan lors de son acquisition par Françoise Moreau, comédienne ayant pour amant Philippe de Vendôme (1712-1727). Agrandi, somptueusement aménagé entre 1699 et 1702, le «pavillon de Vendôme» est vendu en 1720 à Louis-Armand de Bourbon, prince de Conti, qui y réalise quelques travaux. C’est probablement à cette date que les décors sont déposés et entrent dans les collections de la famille d’Harcourt. Arrière-petit-fils d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées, le duc de Vendôme, dit prieur de Vendôme, homme du monde plutôt qu’homme d’église, fait appel au décorateur préféré des grands du royaume, Claude III Audran, peintre du roi. Reprenant le style de Bérain, celui-ci s’impose comme le champion des décors à arabesques, motif ornemental composé de rinceaux plus ou moins complexes, de montages d’architectures fantaisistes et de figures humaines ou chimériques. Pour un pavillon «champêtre», le décor décline les arts du jardin et les personnages mythologiques. Par exemple, pour le lambris rectangulaire, Bacchus et ses léopards symbolisent l’automne, ainsi que la treille suspendue ; les perroquets apportent une touche exotique en accord avec le fond or. Les deux hauts lambris figurent, pour l’un, une femme avec une bêche plantée en terre, probablement Pomone, des roses et des putti taillant un arbre, encadrés de vases Médicis contenant des fruits, et des trophées suspendus aux outils de jardin. L’autre affiche une femme tenant un sceptre, peut-être Flore, des roses et un amour arrosant un jardin, entre deux vases emplis de fleurs.