Une lettre de Robespierre à Danton galvanisait la foule pourtant traditionnellement discrète des collectionneurs de manuscrits lors d’une vente dédiée à la royauté.
Cette vacation dominicale avait pour thématique «La royauté à Versailles» et, ironie de l’histoire, c’est une lettre adressée par Robespierre à Danton, peu de temps avant l’exécution du second, qui emportait la palme de la victoire à 218 750 €. Il faut dire que cette missive, dont la Gazette n° 9 (voir l'article Une lettre de Robespierre à Danton de la page 52) avait retracé le parcours, est un unicum. Il s’agit, de fait, de la seule lettre de l’Incorruptible au chef des indulgents qui ait été conservée. Elle rejoint une collection privée française. Ce témoignage est extraordinaire : il montre une déclaration d’amitié, au moment même où débutait leur rivalité notamment au sujet de la guerre. Danton vient de perdre son épouse bien-aimée en couches et Robespierre lui écrit «Je t’aime plus que jamais et jusqu’à la mort…» Des mots qui résonnent étrangement. Car nous sommes le 15 février 1793 et, le 5 avril 1794, Danton sera guillotiné à l’initiative de son «ami tendre et dévoué». Au chapitre des reliques émouvantes venait ensuite une boucle de cheveux de Louis XVII, accompagnée de deux documents autographes, l’un de Marie-Antoinette, le second de Louis XVI, qui furent remis à la comtesse du Roure, dame de compagnie de la comtesse de Provence. Ensemble, ils retenaient 22 500 €. Quant à la touchante page d’écriture du jeune dauphin, tracée vers 1790 et sur laquelle le jeune garçon de 5 ans s’exerce à signer de son nom «Louis Charles», elle partait à 17 500 €. Ces souvenirs de l’enfant martyr du Temple rejoignaient eux aussi une collection privée française. Venait ensuite le registre – en 36 volumes in-folio – renfermant la quasi-totalité de la correspondance diplomatique de Maximilian Emmanuel Franz Van Eyck (1711-1777), représentant de l’électeur de Bavière auprès de la cour de France, entre 1755 et 1776. Un témoignage unique là encore, reçu à 50 000 €, rédigé par celui qui fut pendant près de vingt-deux ans en poste à Paris. Principal électorat de l’Empire, la Bavière de Maximilien III Joseph (1727-1777) – qui se voulait un despote éclairé – était une alliée de la France.