Sa collection révélait l’homme de théâtre, de ses origines russes à son goût pour la curiosité, celles des objets lointains tout spécialement.
Si le nom de Michel Vinaver (1927-2022) n’évoque que peu au commun des mortels, celui d’Anouk Grinberg parle davantage. Elle était sa fille et lui, PDG de Gillette France (1966-1982), devenu l’un de nos grands dramaturges (voir l'article Michel Vinaver, la vie est un théâtre de la Gazette n° 43, page 79). Homme d’écriture il est vrai, né Grinberg avant de se choisir un nom de plume, celui qui fut nommé trois fois aux Molières et obtint le grand prix du théâtre de l’Académie française en 2006 avait réuni une collection à son image, curieuse et cultivée. De ses origines russes, il gardait le souvenir au travers d’icônes – 10 304 € une tempera sur bois grecque du XVIIe siècle représentant Saint Georges (61 x 38 cm) – et de son enfance, trois portraits de lui exécutés au pastel par Zinaïda Serebriakova, une amie de la famille. Ces trois feuilles, datées de l’été 1933, ont été vendues pour respectivement 37 352 , 21 252 et 17 388 €. 7 728 € étaient reçus par un personnage agenouillé (h. 15,5 cm) en bois à l’épaisse patine croûteuse, une sculpture tellem, et 5 925 € par un personnage dogon aux bras levés vers le ciel (h. 36 cm). Ces artefacts proviennent du Mali, tout comme un masque (h. 31 cm) probablement de type «Albarga», en bois extrêmement raviné (4 250 €). La poésie émanant de ce dernier est caractéristique de l’attrait de Michel Vinaver pour l’intemporalité.