Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le quartier de la plaine Monceau adopte une mue radicale. Les grands banquiers le choisissent pour cadre de leurs futurs hôtels particuliers. Celui de Nissim de Camondo (1830-1889), sis au 63 de la rue de Monceau, était l’un des plus courus et des plus connus il sera remplacé en 1910 par l’actuel, commandé par son fils Moïse et aujourd’hui siège du musée éponyme, abritant sa fabuleuse collection d’arts décoratifs français du XVIIIe siècle. En revanche, on sait moins que le jeune banquier juif et originaire de Constantinople, venu à Paris développer les affaires familiales, avait un frère aîné, Abraham-Béhor (1829-1889), et que ce dernier fit l’acquisition la même année 1870 du terrain mitoyen à celui de son cadet, tous deux en bordure du parc. Pour élever sa future résidence, celui-ci fait appel à l’architecte Denis-Louis Destors (1816-1882), brillant élève du grand Charles Garnier, qui recevra la médaille d’argent de l’architecture privée pour cette réalisation. L’hôtel, de style éclectique comme il se doit alors, sera achevé en 1875. Il est imposant, doté d’un portail monumental sur rue, de deux ailes, d’un «grand hôtel» en fond de cour, d’une serre à galerie… Le décor intérieur sera en grande partie détruit, tout comme la serre. Ce dessin en coupe longitudinale, de 1876, est un fidèle et rare témoignage d’une époque grandiose une vue de la façade sur cour figure dans les collections du musée des Arts décoratifs. Il retenait un intérêt de 14 375 €.