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D’ivoire et d’écaille

Publié le , par Sophie Reyssat

À eux seuls, ces matériaux «Cites» témoignent des situations kafkaïennes auxquelles sont confrontés artisans d’art, musées et professionnels du marché. Quand la réglementation menace le patrimoine.

Volutes, vers 1810-1820, éventail de type brisé, ivoire, h. 19 cm.  D’ivoire et d’écaille
Volutes, vers 1810-1820, éventail de type brisé, ivoire, h. 19 cm.
© Collection particulière. Photo Philippe Fuzeau
La liste de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), entrée en vigueur en 1975, ne cesse de s’allonger. La plupart des artisans d’art trouvent le moyen de s’y adapter : plumassiers et ébénistes créent à partir d’autres variétés de plume et de bois, quand les gainiers acquièrent leurs peaux de crocodile auprès d’élevages. Ivoiriers et écaillistes, eux, n’ont pas ces libertés : «Faute de pouvoir travailler les matériaux, des savoir-faire ancestraux vont se perdre», s’alarme Florentin Gobier. Le directeur du musée de la Nacre et de la Tabletterie de Méru (Oise), qui dispose d’un atelier de fabrication et de restauration, déplore déjà la disparition de certaines techniques. Si les artisans de la nacre ont pu s’accommoder des restrictions Cites, en se procurant leur matière première auprès de fermes pratiquant l’élevage raisonné de variétés de coquillages autorisées, le développement durable est encore à inventer pour l’ivoire. L’émotion internationale suscitée par l’extermination des pachydermes pour leurs défenses a fait de ce matériau un emblème et a incité les États à adopter des politiques sans concession se superposant aux règles de la Cites. Les artisans français, qui travaillaient avec leurs stocks acquis légalement avant la Convention et dûment déclarés, ont ainsi fait les frais de l’arrêté du 16 août 2016 relatif à «l’interdiction du commerce de l’ivoire d’éléphants et de la corne de rhinocéros sur le territoire national». Proscrire l’emploi d’une défense d’éléphant mort il…
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