Deux tableaux ont ici déchaîné les passions : le premier était un exemple parfait de l’art du maître pointilliste, et le second une scène de labeur à la manière postimpressionniste.
Parmi les nombreux lots d’une vente dévolue essentiellement aux écoles bretonnes et de Pont-Aven, se détachait une remarquable toile d’Henri-Edmond Cross, intitulée Retour de baignade, qui n’a pas tardé pas à être disputée jusqu’à 168 640 €. L’œuvre, datant de 1906 (46 x 55), illustre la dernière période dans la vie de l’artiste, qui nourrit alors son inspiration des paysages de la côte varoise. Elle est passée chez le marchand Bernheim Jeune en 1907 et en 1911, avant d’être référencée dans l’ouvrage d’Isabelle Compin sur le peintre (Éditart, 1964). Henry Moret lui succédait avec Les Ramasseurs de goémon, côtes de Bretagne – une composition caractéristique du chantre des rivages armoricains, décrivant ses infatigables travailleurs de la mer par gros temps. La toile (73 x 92 cm), accompagnée d’un certificat de Jean-Yves Rolland, devait trouver amateur à 102 920 €. Paul Sérusier, lui, préférait l’intérieur des terres, comme en témoigne son panneau campant les environs de Châteauneuf-du-Faou, la vallée verte (40 x 50 cm), bourg où il s’installa dès 1893, pour en faire sa résidence principale jusqu’à sa mort. On pouvait détailler sa composition contre 74 400 €. Une autre de ses scènes rustiques inspirées par la vie locale se découvrait ensuite : des Lavandières bretonnes, une toile reproduite dans le catalogue raisonné de Marcel Guicheteau (Paul Sérusier, éd. Side, 1976, n° 414) ; mesurant 61 x 50 cm, elle a inscrit 55 180 €. Quant au tableau de Maxime Maufra ayant pour sujet Pont-Aven, le moulin Simonou (48 x 64 cm), analysé dans la Gazette n° 43 (voir l'article Maufra sur les pas de Gauguin, page 244), il était adjugé 45 880 € ; le peintre (sous l’influence d’un Paul Gauguin qui lui-même a traité ce motif) l’a brossé en 1891.