La synergie entre les arts d’ailleurs et ceux d’hier s’impose pour la quatrième année consécutive, le rendez-vous du Grand Sablon étant en bonne voie pour s’inscrire dans la durée.
On entend souvent qu’il faut trois ans pour qu’un nouvel événement culturel s’installe et trouve son rythme de croisière. Cultures, née de la réunion des trois foires Bruneaf, BAAF et AAB, aborde sa quatrième édition, donc une année d’importance : celle où tous les efforts conjugués doivent porter leurs fruits. Ce sont cinquante-trois exposants qui vont se réunir dans le parterre choisi du Grand Sablon un lieu n’ayant toujours pas de réel rival à Bruxelles pour proposer leurs plus belles pièces. Un esprit belge y règne, c’est-à-dire cette volonté affichée des organisateurs d’en faire un «événement authentique, culturel et convivial», selon les mots de Didier Claes, président de Bruneaf. Et de fait, outre la présence d’œuvres d’exception, le collectionneur est sensible à cet esprit ouvert. Bruxelles se prépare donc à être une nouvelle fois la première destination en Europe pour les arts du monde, la capitale ouvrant ses portes et ses galeries à des spécialistes et aux amateurs internationaux. Thomas Bayet insiste sur la nécessaire existence de ce type de manifestation, tant il est essentiel à une époque du «toujours plus vite et toujours plus de virtuel […], de maintenir le contact des collectionneurs avec l’objet et de partager son émotion avec des spécialistes». La section des arts d’Afrique et d’Océanie est la plus fournie avec vingt-sept participants, dont douze étrangers Chris Boylan, dont c’est la première participation, représente l’Australie, H. Kellim Brown et Bruce Frank, les États-Unis. Les galeries bruxelloises Aboriginal Signature, Ambre Congo et Joaquin Pecci, mais aussi celle du Barcelonais Guilhem Montagut organisent des expositions thématiques. Il sera question de la présentation d’une collection réalisée par les artistes aborigènes du Spinifex Art Project chez la première, engagée dans une démarche éthique de défense de cette culture, de l’accrochage de peintures de Pili Pili et d’autres artistes de l’Atelier du hangar chez la deuxième, et d’«Objets de rêve» chez la troisième vous aurez reconnu sous cette appellation poétique les appuis-tête, supports
d’histoires.
Expostion muséale
En plus d’un cycle de conférences (voir page 18 de la Gazette n° 20), une exposition muséale vient ajouter son crédit. À l’occasion de la parution d’un nouvel ouvrage sur l’art du Sepik de Nouvelle-Guinée, édité par Kevin Conru, une sélection de quatre-vingt-seize artefacts de cette région sera mise en scène chez Lempertz. Ils offrent une transition toute naturelle vers l’Asie voisine. Pas moins de onze ambassadeurs défendront ces arts, dont des ténors tels que Gisèle Croës et Grusenmayer, pour ne citer qu’eux. Asian Art in Brussels fête ainsi sa septième année d’existence et se place notamment sous la protection des dieux tibétains avec événement dans l’événement l’exposition, chez Michael Woerner installé à Hong Kong, d’un groupe de seize «Tiger Rugs» et autres tapis anciens. La notion d’ancienneté se retrouve chez les quinze participants représentant l’archéologie. Elle est même un label indispensable sur lequel Jacques Bille, membre du comité de Baaf (Brussels Ancient Art Fair), insiste, mettant en avant l’examen minutieux des pièces par des experts internationaux et leur enregistrement obligatoire dans l’Art Loss Register. À Bruxelles, sagesse et convivialité font bon ménage !