Musée Courbet, 1, place Robert-Fernier, Ornans, tél. : 03 81 86 22 88, www.musee-courbet.doubs.fr Jusqu’au 29 avril 2019.
Exposer les dessins de Gustave Courbet est une gageure. Occultés par la flamboyance d’une abondante production picturale, entachés de controverse depuis «l’affaire Reverdy» qui, en 1984, révéla 206 faux sur 208 feuilles présentées à Baden-Baden , ses esquisses crayonnées, ses portraits ou paysages virtuoses au fusain ont trop souvent pâti du doute. Conscient de l’enjeu, le musée d’Ornans a fait appel à l’historien de l’art Niklaus Manuel Güdel, président de la Société suisse pour l’étude de Gustave Courbet : infatigable enquêteur, ce spécialiste étudie, compare, expertise et authentifie les œuvres du maître franc-comtois. Aussi, inaugurant la kyrielle de manifestations qui célèbrent cette année le bicentenaire de la naissance du peintre, le commissaire suisse a rassemblé 75 dessins authentifiés dont 15 inédits , pour la plupart monogrammés, provenant de la collection aujourd’hui dispersée du peintre genevois Émile François Chambon (1905-1993), parvenu en son temps à débusquer une quarantaine de feuilles. Croquis de jeunesse, dessins préparatoires saisis sur le vif, minutieux portraits et illustrations libertaires retracent dans sa maison natale le tumultueux parcours du peintre, explorant ses techniques de travail, le choix de ses papiers, jusqu’à ses monogrammes. Mais cette révélation ne remet pas seulement en lumière tout un pan graphique de l’œuvre de Courbet, elle restitue son énergie, sa volonté et sa posture artistique. Considérant à raison le dessin comme une œuvre aboutie, l’artiste n’hésitera pas à répliquer au fusain son autoportrait à l’huile de L’Homme à la pipe ou les Femmes dans les blés, deux des trésors présentés dans cette exposition. Une réjouissante réhabilitation et un coup de théâtre, comme les aimait Courbet !