Alors que l’on fête cette année le bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet dans les musées, et notamment à Ornans, une petite huile de l’artiste originaire du Doubs est mise en vente.
Comme l’indique l’annotation au dos du panneau, ce tableau a été réalisé par Courbet en 1871, dans la prison de Sainte-Pélagie, où il était enfermé en raison de son implication dans la Commune de Paris - il fut élu au conseil du 6e arrondissement et président de la Fédération des artistes. Arrêté le 7 juin 1871, il est emprisonné à la Conciergerie puis à Versailles et enfin à Sainte-Pélagie, dans le 5e arrondissement, à partir du 22 septembre. Il sera libéré le 1er mars 1872. Durant ces quelques mois, il réalise de nombreuses œuvres, dont ce portrait de Godard père, présenté au musée d’Ornans lors de l’exposition «Gustave Courbet et la Fédération des artistes sous la Commune» en 2018. Une lettre du modèle, en date du 11 juin 1879, accompagne ce tableau. Adressée à un peintre nommé Charbonnel, qui va le vendre pour lui, on y lit les circonstances de sa création. Chef de bureau des passeports sous la Commune, Godard fut arrêté, à tort, pour usurpation de fonction. Tout d’abord enfermé sur un ponton de bateau en rade de l’île d’Aix, il est ensuite transféré à Sainte-Pélagie, où il est «voisin de pistole avec votre digne confrère Mr Courbet, comme vous artiste peintre et prisonnier comme moi pour avoir dit-on détruit la colonne Vendôme, à laquelle il m’a assuré n’avoir jamais touché». Les deux hommes passent du temps ensemble chaque jour, l’un lisant le journal tandis que l’autre le peint. Godard précise que Courbet aurait voulu faire son portrait en grand mais que ses problèmes de santé l’en empêchèrent.