Un saupoudroir ciselé à Paris entre 1731 et 1732 s’installait sur la table des enchères, fier de ses panaches.
Les 58 420 € de ce saupoudroir attribué à l’orfèvre et par ailleurs «marchand joaillier» Nicolas Bertin (le poinçon du maître orfèvre est incomplet) attestent de la préciosité des réalisations d’orfèvrerie dans le Paris de la Régence. Le roi est mort, vive l’argent ! Après les années sombres ayant marqué les dernières années du règne de son royal cousin, le régent Philippe d’Orléans (1715-1723) veut ramener les plaisirs à la cour. Tout un chacun connaît son goût immodéré pour les «soupers» et le sucre, met de choix depuis le XVIe siècle (voir l'article Un petit air sucré page 60 de la Gazette n° 40 du 22 novembre), y a bien sûr toute sa place. Le récipient à la ligne balustre des plus élégantes retrouve la sienne sur les tables, et les orfèvres sont sollicités pour en réaliser. Ceux produits en ce début des années 1730 sont toujours rares et chacune de leurs apparitions est saluée comme il se doit ! Deux flambeaux en argent formant paire, poinçonnés à Paris entre 1751 et 1752 et ciselés de canaux rayonnants ainsi que d’une chute de fleurons par Alexis Loir (reçu maître en 1733) apportaient ensuite leur petite flamme à 14 605 €. Ces pièces appartiennent encore au goût classique, dont elles sont les dernières émanations avant que le style rocaille n’envahisse l’Europe entière de ses ornements.