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Commande funéraire royale pour mignons

Publié le , par Anne Foster
Vente le 10 décembre 2018 - 16:00 (CET) - Salle 9 - Hôtel Drouot - 75009

Germain Pilon, sculpteur de la Renaissance, rare en ventes publiques, œuvra principalement pour Henri III. Cette tête de la collection Delpit créera l’événement à Drouot.

Germain Pilon (1540-1590), tête d’homme laurée en marbre de Carrare sculptée en ronde... Commande funéraire royale pour mignons
Germain Pilon (1540-1590), tête d’homme laurée en marbre de Carrare sculptée en ronde bosse, après le 12 juillet 1578-premier semestre 1579, h. 34 cm.
Estimation : 800 000/1,5 M€

Le 27 avril 1578 eut lieu aux petites heures du matin un duel qui fit jaser d’un bout à l’autre de l’Europe. Charles de Balsac, baron de Dunes dit Entraguet, plutôt proche du duc de Guise, défie en duel Jacques de Lévis-Caylus, mignon d’Henri III, accompagnés de leurs seconds, respectivement François d’Aydie de Ribérac et Georges de Schomberg contre Louis de Maugiron et son cousin Guy d’Arces de Livarot. Le combat est rapide, l’issue fatale pour deux d’entre eux (Maugiron et Schomberg), Ribérac décède le lendemain, Caylus au bout de trente-trois jours d’agonie. Livarot ne souffre que d’un coup de taille à la tête ; Entraguet s’en sort avec quelques égratignures. Le Vénitien Jérôme Lippomano évoque sa surprise devant la métamorphose d’une affaire futile en règlement par les armes, tandis que l’ambassadeur d’Angleterre confirme l’inutilité d’un combat pour une «occasion très simple». Montaigne condamne également l’usage nouveau de l’intervention des seconds comme «une image de lâcheté». Si certains en font des gorges chaudes, Henri III, dévasté, commande en juillet trois tombeaux à son maître sculpteur Germain Pilon. Il fut fait en deux temps : un premier contrat pour les tombeaux de Maugiron et de Caylus fut signé dès le 12, et peu après, celui de Saint-Mégrin, assassiné le 21 en revenant du Louvre, succombant le lendemain à ses blessures. Leurs monuments funéraires devaient être somptueux, de marbres blanc et noir, agrémentés de bronze doré ; il fut décidé qu’ils seraient représentés priant, les mausolées gravés d’épitaphes en prose et en vers, en latin et en français. Les tombeaux, situés en l’église Saint-Paul-des-Champs et détruits en 1589, ne sont connus aujourd’hui que par des gravures. Germain Pilon, formé dans l’atelier de son père, excelle dans toutes les techniques de la sculpture : terre, marbre, albâtre, bronze… En 1558, l’architecte Philibert de L’Orme lui commande «huit figures de fortune», destinées au tombeau de François Ier. En pleine époque «maniériste», Pilon a su inventer un langage personnel, plus réaliste, plus proche de la nature. Il suffit d’admirer le modelé du visage, le rendu de la moustache et des boucles de la chevelure pour se rendre compte de tout ce qui le sépare des autres sculpteurs, proches du Primatice. Ce n’est pas un hasard que le roi ait choisi Pilon pour le mausolée de ses favoris. Cette tête plus grande que nature provient de la collection Jules Delpit (1808-1892), collectionneur bordelais ; elle serait l’une des mignons récupérée lors de la destruction des tombeaux : le corps décapité était jeté par la fenêtre…

lundi 10 décembre 2018 - 16:00 (CET) - Live
Salle 9 - Hôtel Drouot - 75009
Pierre Bergé & Associés
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