La guerre des boutons
Dix mille participants répartis sur soixante-dix départements, quatre cents équipages… La vénerie existe depuis six cents ans. François Ier en serait le père fondateur et, en ce début de XXIe siècle, elle semble ne s’être jamais aussi bien portée, nous apprend son site officiel (www.venerie.org). Autre information qui pourra en étonner certains : parmi ses adeptes, environ 20 % de femmes. La ou plutôt les collection(s) de Stéphanie de Villefranche (1951-2001) touche(nt) à la profusion dans le domaine de l’héraldique. On y trouve des boutons de livrée aussi nombreux qu’originaux, un atout qui tient essentiellement à l’ancienneté de cet ensemble initié durant la seconde moitié du XIXe siècle par Amélie Cartier et poursuivi par Thérèse de Mérode, les arrière-grand-mère et grand-mère de Stéphanie. Véritables tableaux miniatures, ces boutons dispersés par lots ou à l’unité mettent en scène l’animal traqué, souvent complété de l’appellation de l’équipage ou de sa devise. Aux nombreux modèles français s’ajoutent ici ceux de familles flamandes, allemandes et italiennes, parmi lesquelles les Salviati-Borghèse. Longtemps conservés au château familial d’Ambleville, dans le Vexin, où un musée du bouton avait été envisagé, ils prennent le chemin des enchères. Ils sont modestement estimés de quelques dizaines à près d’un millier d’euros, mais la traque pourrait être plus soutenue. Les collections de Stéphanie de Villefranche se conjuguent bien au pluriel, comprenant également quelques moulages en plâtre pour ces accessoires vestimentaires, mais aussi des plaques de carrosse et de harnais d’attelage. Rutilantes, comme les boutons, celles-ci racontent la généalogie des plus grandes familles, parmi lesquelles les Montmorency, les La Rochefoucauld ou les Bourbons. Quittons saint Hubert, patron des chasseurs, pour un sujet beaucoup plus léger, celui des boutons de mode dispersés en lever de rideau (150 à 3 000 €). Les plus nombreux sont ceux de Henri Hamm. Moins connu que son contemporain René Lalique, il fut un spécialiste du flacon à parfum en verre moulé, mais surtout du bouton dont il créa près de huit cents modèles en corne, ivoire, bois, bakélite… Avis aux fibulanomistes !