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Collaboration artistique

Publié le , par Anne Foster
Vente le 06 décembre 2013 - 13:30 (CET) - Salle 1 - Hôtel Drouot - 75009

La toute jeune manufacture de Vincennes, forte du patronage royal, n’a pas hésité à reproduire des dessins de François Boucher et de Jean-Baptiste Oudry... pour un sucrier.

Vincennes, vers 1749-1751. Sucrier couvert en porcelaine tendre, le rebord du corps... Collaboration artistique
Vincennes, vers 1749-1751. Sucrier couvert en porcelaine tendre, le rebord du corps évasé et contourné, à décor polychrome et or de quatre chinoiseries, alternant avec des oiseaux branchés et des insectes, le couvercle orné d’un gland et son revers d’insectes, h. 14,5, diam. 16,5 cm.
Estimations : 40 000/60 000 euros

Dans l’inventaire après décès de M. Orry de Fulvy, en 1751, est mentionné un ensemble de pièces à “figures chinoises en cartouche, aux bords dorés [...] rouge”, duquel pourrait relever ce sucrier. Ce gentilhomme avait établi en 1738 – et sur ses propres deniers – les bases d’une manufacture de porcelaines, qui sera installée au château de Vincennes en 1740, avec l’aide de son demi-frère, Philibert Orry, et la complicité des ouvriers transfuges de Chantilly. C’est cette même manufacture qui déménagera à Sèvres en 1756, adoptant alors le nom de la ville. Une des principales clientes des débuts, la marquise de Pompadour, a beaucoup contribué à la renommée et c’est probablement grâce à son appui qu’Orry obtient, en juillet 1745, le privilège royal de faire “Une porcelaine façon de Saxe, peinte et dorée à figures humaines”. Ce monopole de la décoration à l’or contribuera à sa gloire, tout comme la variété des formes et l’imagination des sujets et motifs décoratifs. Ainsi, à son arrivée en 1748, l’orfèvre Jean-Claude Duplessis pourra introduire des modèles inédits et des décors animés de personnages, inspirés de célèbres peintures. Ce sucrier en est un des exemples les plus probants. D’abord par ses ornements de scènes d’après François Boucher. Figurent sur le couvercle La Pâtée du petit chien, d’après une gravure de John Ingram et L’Air, issu des “Quatre Éléments” gravés par Aveline. De la même série, Le Feu est repris sur le corps, aux côtés de L’Odorat, cette fois d’après une planche gravée par Huquier et inspirée par la série des “Cinq-Sens”, vers 1740-1742. Pour les oiseaux, enfin, le peintre de la manufacture s’est inspiré du Livre des différentes espèces d’oiseaux de la Chine tirés du Cabinet du Roy, gravé par Huquier d’après des dessins de Jean-Baptiste Oudry. Les motifs sont isolés et rythment le décor en alternance avec les cartouches... C’est à partir de 1700 que le pot à sucre remplace le saupoudroir. À cette époque, les morceaux de pain de sucre concassés remplacent la poudre, une cuiller à saupoudrer étant désormais utilisée. Comme pour toute nouveauté, les formes varient, l’objet est ovale ou rond, mais toujours assorti d’un couvercle indépendant. La forme rare de ce sucrier est influencée par les porcelaines de Meissen, comme en témoigne une pièce conservée au musée des arts décoratifs de Paris. Il se distingue, en plus de l’emploi de sources sophistiquées, par la richesse et la finesse de la peinture. Les émaux sont également inhabituels, notamment pour le rouge rehaussé d’or et les couleurs très nuancées. Tous ces éléments ont incité les experts à situer sa réalisation au début de la production des chinoiseries à Vincennes, la présence d’or et de rouge précisant une datation entre 1749 et 1751. Une soucoupe, faisant partie des collections des Arts décoratifs, ornée du Jeu d’échecs chinois gravé par Ingram d’après Boucher, laisse penser que ces deux pièces figuraient dans le même ensemble, peut-être composé d’un plateau, d’un sucrier et d’une tasse et sa soucoupe, comme Boucher l’a peint dans Le Déjeuner, visible au Louvre.

vendredi 06 décembre 2013 - 13:30 (CET) - Live
Salle 1 - Hôtel Drouot - 75009
Beaussant Lefèvre & Associés
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