Clôture en beauté pour la 11e édition de la foire Art Genève

Avec une édition resserrée autour de 90 galeries internationales et un dense programme culturel, l’événement, qui s’est tenu du 26 au 29 janvier à Palexpo, s’impose dans la valse mondiale des foires d’art avec ses propositions curatoriales exigeantes et atypiques. Ici peut-être encore plus qu’ailleurs, écoles d’art, musées, fondations, résidences d’artistes et centres d’art se mêlent au ballet des collectionneurs et des marchands : une place de premier plan donnée au milieu artistique, et pas seulement à son marché. Ainsi, le Museum Frieder Burda de Baden-Baden y proposait un focus sur Andreas Gursky, la collection Ringier de Zurich consacrant le sien à Rodney Graham et la Fondation Jean Dubuffet de Paris au mentor de l’art brut. Les Serpentine Galleries de Londres et leur célèbre curateur Hans Ulrich Obrist étaient de la partie, ainsi que l’Arsenal Contemporary Art de Montréal, la résidence d’artistes parisienne Poush, mais aussi le MAMCO Genève, le Centre d’art contemporain de la ville, le musée d’Art et d’Histoire, les fonds de la ville et du canton de Genève, ou encore Photo Élysée de Lausanne pour représenter le paysage régional de ce salon ouvert sur l’Europe. À cette occasion, le prix Solo Art Genève – F.P. Journe récompensait la meilleure exposition monographique des galeries participantes. Le jury, composé de trois figures majeures de la scène contemporaine – Lionel Bovier du MAMCO Genève, Hans Ulrich Obrist des Serpentine Galleries et Cynthia Odier de la Fondation Fluxum/Flux Laboratory –, a récompensé la galerie Mezzanin pour le solo show d’Isabella Ducrot. Pendant tout l’événement, une multitude de propositions curatoriales ponctuaient la déambulation des quelque 25 000 visiteurs présents cette année. Parmi celles-ci, artgenève/estates avait mis en scène un ensemble d’œuvres de l’artiste anglais Barry Flanagan dans un vaste espace transformé en désert, tandis que Leo Villareal occupait l’une des places centrales du salon avec une vidéo grand format. Autre originalité : musique et installations sonores ont fait battre le cœur de la foire à travers une multitude de concerts et performances confiés à une quinzaine d’artistes, dont Latifa Echakhch et Saâdane Afif, deux lauréats du prestigieux prix Marcel Duchamp. Un cran au-dessus, des temps musicaux singuliers proposaient une immersion synesthésique musicale et olfactive avec Hear Fragrances, See Sounds et Smell Images, des performances organisées en collaboration avec Firmenich et l’orchestre de la Suisse romande. Gagosian, Thaddaeus Ropac, Perrotin, Templon, Almine Rech, Kamel Mennour, Nathalie Obadia, Applicat-Prazan… La plupart des grandes galeries internationales ont répondu présentes, entraînant dans leur sillage une sélection pointue, mixant figures tutélaires de l’art moderne et art ultra-contemporain. Chez Thaddaeus Ropac, qui présentait, pour ne citer qu’eux, des œuvres de Miquel Barceló, Georg Baselitz, Jean-Marc Bustamante, et des trois Robert – Longo, Mapplethorpe et Rauschenberg , une huile d’Alex Katz, Zen (2020), est partie dans une fourchette comprise entre 600 000 et 800 000 $. Plusieurs clichés noir et blanc réalisés dans les années 1980 par Robert Mapplethorpe ont été vendus entre 11 000 et 28 000 $, tandis que deux œuvres de Martha Jungwirth ont trouvé preneur entre 35 000 et 60 000 $. Une jolie récolte pour cette foire hivernale, qui annonce un printemps propice au marché de l’art.